Une étude chez la souris montre qu’une alimentation enrichie en fibres d’inuline diminue la gravité de la grippe. Ceci grâce aux acides gras à chaîne courte (AGCC) produits par la fermentation bactérienne colique de l’inuline : ils freinent l’immunité innée destructrice tout en stimulant l’immunité antivirale.
Il est bien établi que la consommation de fibres alimentaires protège contre les maladies inflammatoires chroniques. En effet leur dégradation et leur fermentation par des bactéries du côlon libèrent des acides gras à chaîne courte ou AGCC (acétate, propionate, butyrate) qui atténuent les réponses immunes, en agissant sur différentes cellules immunitaires. Mais on ignore quel est l’effet des fibres vis-à-vis des infections.
Fibres acides gras à chaîne courte
L'étude publiée dans la revue « Immunity » révèle leur surprenant bienfait face à l’une des infections virales les plus courantes, la grippe A qui affecte jusqu’à 20 % de la population chaque année. « Les effets bénéfiques des fibres alimentaires et des acides gras à chaîne courte (AGCC) sur diverses maladies inflammatoires chroniques, y compris l'asthme et les allergies, ont suscité beaucoup d'intérêt ces dernières années et ont encouragé leur utilisation dans les études cliniques. Mais nous craignions que ces traitements puissent entraîner une atténuation globale des réponses immunitaires et augmenter la susceptibilité aux infections », explique le Dr Benjamin Marsland, immunologue à l’université de Lausanne (Suisse) et à l’université de Monash (Melbourne, Australie).
Les chercheurs ont constaté qu’une alimentation supplémentée en inuline, une fibre fermentescible, ou en AGCC confère aux souris une protection contre l’infection par le virus grippal A grâce à deux mécanismes complémentaires. D’une part, les AGCC modifient l’hématopoïèse dans la moelle osseuse, avec pour résultat des macrophages moins aptes à produire la cytokine CXCL1 dans les voies aériennes, ce qui réduit le recrutement local des neutrophiles, et limite ainsi les lésions tissulaires exagérées au cours de la grippe. D’autre part, les AGCC augmentent les réponses antivirales des cellules T CD8+ en stimulant le métabolisme des cellules T.
Études de supplémentation alimentaire
« Nous trouvons généralement qu'un certain traitement active ou désactive notre système immunitaire. Ce qui nous a surpris, c'est que les fibres alimentaires désactivent sélectivement une partie de notre système immunitaire, tout en activant une autre partie totalement indépendante de la première », précise le Dr Marsland.
Ainsi, joints aux précédentes études, ces nouveaux résultats suggèrent que l’alimentation occidentale moderne, riche en sucres et en graisse et faible en fibres, pourrait non seulement augmenter la susceptibilité aux maladies inflammatoires mais aussi diminuer la protection contre les infections. « Il est nécessaire de mener des études cliniques de supplémentation alimentaire (inuline ou AGCC) bien conçues et contrôlées afin de déterminer comment ces résultats pourraient être exploités pour en faire bénéficier les personnes souffrant d'asthme ou pour prévenir les infections virales, estime le Dr Marsland. Nous devrions également explorer ces voies afin de pour la recherche d'autres thérapies ou pour améliorer l'efficacité des vaccins. »
Immunity, 15 mai 2018, Trompette et coll.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024