L’obésité sévère se définit par un IMC supérieur à 35. La prévalence naguère estimée entre 0,5 % à 1 % de la population générale est en forte augmentation en France, notamment chez la femme et dans les populations défavorisées.
« À l’hôpital de Lens la prévalence de l’obésité sévère atteint 9 % chez les femmes qui accouchent ! », souligne le Pr Monique Romon, nutritionniste au CHRU de Lille et Présidente de la Société française de nutrition (SFN). Cette société savante a participé en 2017 aux états généraux de l’alimentation et contribue à l’élaboration du futur plan obésité attendu en 2018.
Le surpoids installé, la prise de poids progresse au cours de la vie et souvent plus rapidement chez la femme. « Ceci, car les grossesses sont l’occasion de prises de poids rapide, mais aussi paradoxalement du fait d’une pression plus forte sur le poids des femmes. Elles essaient de maigrir de façon inappropriée et font des yoyos qui accélèrent la prise de poids », précise-t-elle. Qualité de vie, fonctions respiratoires et ostéoarticulaires s’altèrent.
Chez le sujet âgé, le surpoids accélère l’entrée en dépendance et pose des problèmes dans les EHPAD aujourd’hui non équipés pour accueillir des personnes âgées obèses dépendantes.
« L’enjeu chez le patient obèse ou en surpoids n’est pas de maigrir, mais de prévenir l’obésité sévère. Les médecins généralistes ont un rôle important à jouer. Un des meilleurs moyens de prévention est d’accompagner le patient à mettre en place les stratégies qui l’aideront à maintenir son poids ! », insiste le Pr Romon.
Pour stabiliser le poids, 3 conseils
Premièrement, insérer dans ses habitudes de vie une activité physique à un niveau supérieur aux recommandations. « Environ 5 heures cumulées par semaine sont nécessaires pour maintenir le poids. Par exemple 5 fois 10 minutes de vélo d’appartement par jour ou de marche rapide (si possible à un niveau qui essouffle un peu en parlant) », explique le Pr Romon. Motiver le patient, lui suggérer de prendre l’habitude de faire du vélo d’appartement quand il regarde la télévision ; l’orienter vers les structures aidant à intégrer l’activité physique dans les habitudes de vie (associations sportives de quartier, associations de patients).
Deuxièmement, inviter le patient à écouter ses sensations (faim, satiété, plaisir). « Il doit manger quand il a faim et ne pas s’obliger à manger s’il n’a pas faim », précise la spécialiste. Elle insiste sur l’importance d’apprendre à manger sans faire autre chose « Éduquer le patient pour qu’il sache qu’il doit choisir entre manger et regarder la télévision (ou un écran). Manger pour ne pas s’ennuyer devant l’écran est pour beaucoup un réflexe conditionné. Le patient doit apprendre à le reconnaître pour le combattre », souligne-t-elle.
Troisièmement, orienter les choix alimentaires. « Éviter les boissons sucrées (sodas, jus de fruits) et les aliments de “snacking” (chips, paquets de gâteaux, biscuits apéritifs). Seuls biens de consommation accessibles aux populations défavorisées, souvent consommés sans faim devant la télévision, ils constituent une des principales causes de prise de poids ».
Un objectif d’habitudes saines
Les femmes enceintes en surpoids en début de grossesse sont à risque élevé d’obésité. Pour les aider à ne pas prendre plus de 10 kg pendant leur grossesse, leur conseiller de préférer l’eau aux boissons sucrées et les mettre en garde contre les risques de prises de poids associées au fait de manger devant la télévision. Chez le jeune en bonne santé, « l’amaigrissement ne doit pas obligatoirement être mis en avant, même si l’IMC est supérieur à 30. Ne pas donner d’objectif de poids, mais orienter vers des habitudes plus saines. En reprenant une activité physique, le patient se sent mieux, s’accepte, a moins besoin de manger devant la télévision », conclut le Pr Romon.
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