LES AUTORITÉS sanitaires américaines préconisent de limiter les apports quotidiens en sel à 5,8 g et même à 3,7 g pour les sujets de plus de 40 ans, les Noirs et les personnes hypertendues. Or, la consommation quotidienne moyenne est là-bas de 10,4 g/j pour les hommes et de 7,3 g/j chez les femmes.
On sait que le fait de réduire les apports en sel diminue la tension artérielle et le risque de maladie cardio-vasculaire. Mais dans l’alimentation américaine, de 70 à 80 % du sel consommé proviennent des aliments achetés préparés (pas du sel que l’on utilise chez soi pour cuire ses aliments ou que l’on ajoute à table). De nombreux pays, notamment le Japon, le Royaume-Uni, la Finlande et le Portugal ont réussi à réduire l’apport alimentaire en sel en combinant la régulation du sel dans la nourriture toute prête, l’étiquetage des aliments préparés, l’éducation de la population et la collaboration avec les industriels.
Kirsten Bibbins-Domingo et coll. ont voulu savoir quels seraient les effets sur la santé d’une réduction de 3 g des apports quotidiens en sel. Pour cela, ils ont fait des simulations par ordinateur à l’aide du logiciel CHD Policy Model. Sans entrer dans les détails, les projections sont donc qu’une telle réduction des apports sodés se traduirait par 60 000 à 120 000 nouvelles maladies coronariennes en moins, 32 000 à 66 000 AVC en moins, 54 000 à 99 000 infarctus du myocarde en moins et 44 000 à 92 000 décès en moins.
Tabac, poids, HTA, cholestérol.
« Un des aspects les plus intrigants de cette étude, indiquent deux éditorialistes (Lawrence Appel et Cheryl Anderson), est la comparaison des bénéfices de la réduction du sel avec ceux d’autres interventions. De précédentes études ont montré que la réduction du sel est une mesure de santé publique peu coûteuse et hautement efficace. Bibbins-Domingo et coll. montrent qu’un effort à l’échelle de la population américaine pour réduire les apports en sel pourrait être aussi efficace que l’arrêt du tabac, la réduction pondérale et le traitement médicamenteux de l’hypertension artérielle et de l’hypercholestérolémie. Des résultats qui concordent avec ceux d’une récente étude qui a montré que la réduction du sel pourrait être aussi efficace dans la prévention de la mortalité que d’autres stratégies diététiques comme celle destinée à réduire l’apport en acides gras trans et accroître la consommation en fruits et légumes. »
Approche publique et individuelle.
Peut-on obtenir une réduction de 3 g de sel par jour, se demandent les éditorialistes ? On pourrait utiliser deux stratégies complémentaires. Une approche « publique », dans laquelle les fabricants réduiraient la quantité de sel dans les denrées alimentaires. Et une approche individuelle dans laquelle chacun réduirait ses apports en sel à la maison. « Étant donné qu’environ 75 % de l’apport en sel provient des aliments préparés, l’approche individuelle est probablement peu réaliste. Depuis 1969, les États-Unis ont mis en route plusieurs stratégies individuelles pour réduire l’apport sodé mais la consommation par tête d’habitant semble avoir augmenté ou au moins ne pas avoir changé (...) En même temps que certains industriels américains réduisent le contenu en sel de certains aliments (soupes, céréales, pain), d’autres l’augmentent dans leurs produits. Par exemple, l’ajout de sel dans les volailles, les viandes et les poissons apparaît à grande échelle. »
Kirsten Bibbins-Domingo et coll. New England Journal of Medicine, édition en ligne du 20 janvier 2010.
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