PAR L’INTERMÉDIAIRE de ses effets mécaniques et systémiques, la surcharge pondérale est à la fois un facteur de risque d’arthrose et un facteur d’aggravation des lésions existantes. Perdre du poids devrait logiquement être bénéfique, mais, comme l’a montré la méta analyse de Christensens (1), un amaigrissement de 5 à 10 % (6,1 kg en moyenne dans les études analysées) n’améliore que modérément le handicap fonctionnel et la douleur et n’a semble-t-il pas d’effet structurel significatif. Un amaigrissement plus important peut-il agir significativement sur la charge articulaire, l’inflammation systémique et les perturbations métaboliques et peut-il avoir des effets symptomatiques plus prononcés ? C’est ce qu’a voulu vérifier une équipe française en étudiant des patients ayant eu une chirurgie bariatrique. Les résultats présentés par le Dr Pascal Richette portent sur 44 sujets qui, avant l’intervention, avaient, soit un indice de masse corporelle (IMC) ≥ 40 kg/m2, soit ≥ 35 kg/m2 et une comorbidité (hypertension artérielle, diabète, dyslipidémie, syndrome d’apnée du sommeil), et une gonarthrose radiologique confirmée (stade 2 à 4) avec une douleur ≥ 30 mm sur une échelle visuelle analogique (EVA) de 100 mm depuis au moins un mois. Ils étaient âgés en moyenne de 44 ans, 81 % étaient des femmes et l’indice de masse corporelle [IMC] moyen était de 50,7±7, 2kg/m2.
Six mois après l’intervention, les patients avaient maigri de façon importante, avec une diminution marquée de l’IMC (-20 %, de 50,7 ± 7,2 à 40,4 ± 6,8 kg/m2 ; p < 0,0001), de la masse grasse (-21 %, de 59,6 ± 10,0 à 47,2 kg ; p < 0,0001) et de la masse grasse libre (-9 %, de 64,0 ± 9,9 à 58,3 ± 10,9 kg ; p < 0,0001). Les concentrations sanguines de cholestérol total, de triglycérides, d’insuline et l’insulinorésistance (évaluée par l’HOMA-IR) ont très nettement baissé. Sur le plan biologique, l’amélioration des marqueurs de l’inflammation a également été très sensible, avec des baisses significatives de l’IL-6, de la hsCRP, de l’orosomucoïde et du fibrinogène (cf. tableau). Les concentrations d’adiponectine ont augmenté et celles de leptine ont diminué.
Un effet bénéfique sur le turnover cartilagineux.
Une amélioration des marqueurs de la synthèse du collagène de type II et de la dégradation du cartilage a été notée. Plus précisément, les auteurs ont en effet constaté une augmentation significative (+32 % ; p = 0,002) des taux de PIIANP, un marqueur de la synthèse du collagène de type II et une baisse de 36 % (p < 0,001) de ceux de COMP (cartilage oligomeric matrix protein), un marqueur de la dégradation du cartilage. Les modifications des concentrations de COMP étaient corrélées avec celles de l’IMC de l’insulinémie et de l’HOMA-IR.
Parallèlement, ces modifications se sont accompagnées d’améliorations tout aussi significatives de la douleur (de 50 ± 26,6 à 24,5 ± 21 mm ; p < 0,001), de l’évaluation globale de la sévérité par le patient (de 51,6 ± 26,5 à 25,3 ± 20,9 mm ; p < 0,001) et des scores WOMAC de douleur, de la raideur et de fonction (p < 0,001) (tableau).
Pour Pascal Richette, « un amaigrissement important, de l’ordre de 20 % du poids corporel, semble donc en mesure d’améliorer la symptomatologie douloureuse et fonctionnelle des patients obèses ayant une gonarthrose ». Il a par ailleurs un impact sur le statut inflammatoire et sur le turnover cartilagineux suggérant un effet chondroprotecteur qui mériterait d’être explorés plus avant.
D’après la communication du Dr Pascal Richette, hôpital Lariboisière, Paris.
(1) Christensen R, et al. Ann Rheum Dis 2007;66:433-9.
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