Les inégalités sociales de santé (ISS) sont définies comme des différences systématiques, évitables et importantes dans le domaine de la santé, observées entre des groupes sociaux distincts. Elles font ainsi référence aux relations entre la santé et l'appartenance à un groupe social, et sont liées à l'inégale répartition des chances au départ. Outre la classe sociale, les comportements individuels ainsi que de nombreux déterminants sociaux jouent un rôle dans la construction de ces inégalités. Afin de pouvoir appréhender cette problématique, il est utile de consulter les données dont on dispose : l’étude Esteban (2014-2016), effectuée auprès de la population générale, et l’étude Abena, réalisée auprès des bénéficiaires de l’aide alimentaire et dont les résultats permettent d’éclairer particulièrement le sujet des ISS.
L’étude Abena a été menée à deux reprises, en 2005-2006 et en 2011-2012. « Comme nous enquêtons dans les associations d’aide alimentaire, il n’est pas possible de revoir les personnes trois fois, contrairement à ce qui est fait avec la population générale, précise Valérie Deschamps (Santé publique France). Dans ce contexte, nous avons choisi de parler de la corpulence, de la pression artérielle, des folates et des fruits et légumes. » L’étude Abena 2 avait donc pour objectif d’actualiser la description des profils socio-économiques, des habitudes alimentaires et des marqueurs de l’état de santé des bénéficiaires de l’aide alimentaire, et de permettre de décrire les évolutions intervenues depuis la première enquête.
65 % des bénéficiaires en surpoids
En ce qui concerne l’état de santé, l’étude a révélé une prévalence élevée de l’obésité et du surpoids : 28,8 % pour l’obésité et 36 % pour le surpoids (hors obésité) soit au total 64,8 % des bénéficiaires de l’aide alimentaire en situation d’excès de poids. En 2004-2005, la prévalence d’obésité était de 17 % avec 30 % chez les femmes. Autre constat, une prévalence élevée de l’hypertension artérielle (HTA), soit 42,9 % des bénéficiaires (48,5 % chez les hommes et 39,3 % chez les femmes). En 2004-2005, la prévalence de l’HTA était de 29 % parmi les bénéficiaires de l’aide alimentaire. On observe également une prévalence élevée de certains déficits vitaminiques et minéraux : 7,2 % d’anémie parmi les bénéficiaires de l’aide alimentaire (vs 15 % en 2004-2005), les femmes plus souvent concernées (9,9 %) que les hommes (3,5 %), et 98,2 % de déficit en vitamine D, sans différence selon le sexe (contre 86 % en 2004-2005).
Consommations alimentaires
Du côté des consommations alimentaires, l’étude montre un écart important entre les consommations de certains groupes d’aliments et les recommandations nutritionnelles, en particulier pour les fruits et légumes et les produits laitiers, même si de légères améliorations ont été observées depuis 2004-2005. Par ailleurs, l’étude Abena 2 montre aussi la difficulté des conditions de vie des usagers de l’aide alimentaire, en termes d’isolement, de difficultés de logement, de difficultés face à l’emploi ou encore d’accès et de renoncement aux soins. De nombreux usagers dépendent ainsi de l’aide alimentaire pour se procurer des aliments, l’aide alimentaire étant même, pour certains aliments, la source exclusive d’approvisionnement : plus de la moitié des usagers des structures distribuant des denrées à emporter déclarent avoir recours exclusivement à l’aide alimentaire pour se procurer des produits non périssables (pâtes, riz, farine, etc.), des conserves ou du lait UHT. Cette proportion a doublé depuis 2004-2005. Enfin, autre chiffre éloquent : en 2011-2012, 51 % des bénéficiaires ont recours à l’aide alimentaire depuis plus de deux ans, contre 34,5 % en 2004-2005.
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