« La chirurgie de l'obésité ne se résume pas à un geste chirurgical, mais nécessite l'intervention de nombreuses spécialités. En l'absence d'une éducation thérapeutique et d'un suivi psycho comportemental, l'intervention est vouée à l'échec. » Ainsi le Pr Sylvie Naveau résume-t-elle ce problème inhérent à la chirurgie bariatrique que représente l'accompagnement des patients.
Hépato-gastro-entérologue médecin référent du Centre spécialisé obésité (CSO) IDF Sud, la coordonnatrice du projet « Chemin clinique multidisciplinaire des patients adultes ayant une obésité sévère candidats à la chirurgie bariatrique » à l’hôpital Antoine Béclère (Clamart), rappelle aussi que « si l'on ignore encore l'impact à très long terme de cette pratique, elle représente aujourd'hui le seul traitement vraiment efficace de l'obésité sévère ».
Un suivi post-opératoire à vie
Selon les guides de bonne pratique, à la base du livre blanc remis à la Haute Autorité de santé (HAS) en mai dernier, la prise en charge des candidats à une chirurgie bariatrique exige de nombreuses interventions médicales et paramédicales et explorations spécialisées. C'est pour optimiser, simplifier et coordonner le parcours de soins multidisciplinaire de ces patients, qu'a été mis en place à Béclère un chemin clinique très structuré. Celui-ci comprend une période pré-opératoire de 6 mois et un suivi post-opératoire à vie.
La phase précédant l'intervention est ponctuée par une série de bilans nutritionnels, métaboliques, de comorbidités et pathologies associées et du contexte social. Elle s'accompagne d'une évaluation psychologique et de la mise en place d'un programme d'éducation thérapeutique diététique et comportemental. Le suivi post opératoire intègre le dépistage et la prise en charge des complications nutritionnelles, digestives et chirurgicales éventuelles.
« Cet accompagnement à vie permet de poursuivre l’éducation thérapeutique en contrôlant l’adhésion aux recommandations nutritionnelles et à la pratique d’une l'activité physique régulière, souligne le Pr Naveau. Il apporte également au patient l’aide psychologique indispensable pour accepter les changements liés aux importantes pertes pondérales. » Deux ans après la chirurgie, lorsque le poids est stabilisé, une chirurgie réparatrice peut être indiquée.
Une capacité d'accueil doublée en 2017
En 2012,151 patients ont bénéficié de ce parcours balisé. Ils étaient 399 en 2015. Actuellement 958 patients sont actuellement suivis à l'hôpital Antoine Béclère mais la capacité d'accueil devrait être multipliée par deux d'ici 2017 avec la mise en place d'une structure ambulatoire.
L'initiative méritait d'être saluée à l'heure où l'obésité concerne 15 % des adultes en France et 3,5 % des enfants. Sont éligibles à une chirurgiie bariatrique aujourd'hui en France les personnes dont l’indice de masse corporelle (IMC) est supérieur ou égal à 40 kg/m² ou à 35 kg/m² associé à une comorbidité. Le projet a bénéficié de 4 500 euros pour le 3e prix Hélioscope-GMF-Fondation hôpitaux de Paris - hôpitaux de France.
En effet, grâce à la réalisation d’un scanner abdominal avec une coupe au niveau de la troisième vertèbre lombaire il est possible de calculer la masse musculaire d’un patient. L’équipe du Pr Naveau vient de montrer que l’évaluation de cette masse musculaire au moment de l’intervention avait une valeur prédictive de la perte de muscle survenant un an après l’intervention. Une indication essentielle, car dans de nombreuses maladies chroniques cette perte de muscle est délétère. La somme perçue servira à l'acquisition d'un logiciel qui facilitera ces calculs et permettra des prédictions à plus long terme.
Pour le reste, la spécialiste se mobilise pour ouvrir l'accès de ce nouveau chemin clinique à un plus grand nombre de patients éligibles, mais tout en maintenant la qualité de la prise en charge. Un objectif qui exige selon elle un renfort de moyens et « la mise en place de collaborations avec des structures extra-hospitalières partenaires du CSO dont le personnel devra être formé à l’éducation thérapeutique et être motivé et compétent pour assurer le relai nécessaire à un suivi pérenne en lien avec le CSO ».
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