LA PERSONNE ÂGÉE présente une capacité réduite d’adaptation à la chaleur, caractérisée notamment par une réduction de la perception de chaleur et une réduction de la sensation de soif. De plus, les capacités de thermolyse sont réduites car le nombre de glandes sudoripares est plus faible et les capacités de vasodilatation du réseau capillaire sous-cutané, indispensable pour augmenter le débit sudoral sont également diminuées. « La personne âgée a une fonction rénale souvent altérée qui nécessite une vigilance particulière pour maintenir un équilibre hydroélectrolytique correct », ajoute le Dr Florian Labourée.
Réévaluer la thérapeutique
Les personnes âgées présentent souvent des facteurs de vulnérabilité dus à des maladies chroniques (diabète, hyperthyroïdie, affections respiratoires, problèmes cardiovasculaires, maladie de Parkinson, maladie d’Alzheimer…), à des troubles moteurs entraînant une perte d’autonomie, à l’isolement social…
« Elles sont aussi polymédiquées et il convient de réévaluer l’intérêt des médicaments en terme de rapport bénéfice/risque individuel. Certains médicaments par le biais de leurs mécanismes d’action ou par celui des effets indésirables qu’ils entraînent peuvent être responsables de l’aggravation de symptômes liés aux températures extrêmes (diurétiques par exemple) », rappelle le Dr Florian Labourée. De nombreux médicaments sont susceptibles d’altérer la fonction rénale : AINS classiques, salicylés à des doses supérieures à 500 mg/j, inhibiteurs sélectifs de la COX-2, IEC, ARA II, hormones thyroïdiennes…
Les signes cliniques d’alerte
Les signes de déshydratation ne sont pas spécifiques et n’apparaissent que pour des états avancés. Il convient de rechercher systématiquement des signes pouvant être banalisés par la personne âgée, tels qu’une modification du comportement habituel, des troubles du sommeil, des troubles du comportement, de l’agitation, de l’abattement ou de la fatigue… « L’hypotonie des globes oculaires et la sécheresse de la muqueuse labiale sont les signes les plus évocateurs. Le pli cutané persistant est peu évocateur car la peau d’un sujet âgé a perdu de l’élasticité », souligne le Dr Florian Labourée.
Le coup de chaleur, quant à lui, est une urgence médicale, caractérisé par une peau chaude, rouge et sèche, des maux de tête violents, une confusion et une perte de conscience, éventuellement des convulsions et une hyperthermie› 40 °C. En cas de fièvre, éviter la prescription de paracétamol, en raison de son inefficacité pour traiter le coup de chaleur et d’une possible aggravation de l’atteinte hépatique. La surveillance clinique repose essentiellement sur l’évaluation de l’apport hydrique, le recueil du poids, la mesure de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle, le bilan ionogramme complet avec la créatinémie et l’évaluation de la clairance de la créatinine.
Une prévention efficace
La prévention concerne essentiellement l’hydratation, le rafraîchissement et l’aération. La personne âgée doit penser à boire régulièrement sans attendre d’avoir soif. Les besoins quotidiens sont d’1,5 l d’eau à garder à portée de main.
Elle doit également diversifier ses apports : soupe, bouillon, tisane, thé, jus de fruit, fruits, légumes, sorbets, yaourts… Attention à l’hyponatrémie de dilution par hypercompensation des pertes de faible volume. La prise de boissons doit être accompagnée d’une alimentation variée en fractionnant si besoin les repas.
Les autres conseils pratiques doivent permettre de limiter la température de l’habitation et d’éviter les expositions à la chaleur et de se rafraîchir : fermer les volets et les rideaux des façades exposées au soleil, restreindre les sorties à l’extérieur aux heures les plus chaudes, porter des vêtements amples, légers de préférence en coton et de couleur claire, prendre une douche fraîche, faire des pulvérisations répétées d’eau fraîche sur le visage et la nuque…
Dr Florian Labourée : aucun conflit d’intérêt
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