Pour la première fois, le tabagisme passif, déjà associé à un surcroît de cancers et de maladies cardiovasculaires, est considéré comme un facteur de risque pouvant augmenter de 29 % la survenue de démence sévère, selon une étude chinoise publiée dans la revue « Occupational and Environnemental Medicine ». Le surrisque est indépendant de la durée d’exposition et concerne autant les non-fumeurs que les fumeurs actuels ou les anciens fumeurs, s’ils ont été exposés un moment donné au tabagisme passif.
La cohorte a inclus près de 6 000 adultes habitant dans différentes provinces chinoises, âgées de plus de 60 ans, et soumis à un questionnaire général de santé ainsi qu’à une évaluation des fonctions mentales spécialement conçue pour une population gériatrique, le Geriatric Mental State Examination (GMS) qui comportent 150 items permettant de regrouper les patients selon certaines entités diagnostiques : dépression, schizophrénie, obsession phobie, hypocondrie, anxiété généralisée et démence. Les réponses étaient analysées par ordinateur.
A la maison, au travail
Les données concernant l’exposition au tabac, soit la consommation passée ou actuelle de cigarettes, et l’exposition passive au tabac à la maison, sur le lieu de travail ou ailleurs, étaient recueillies parallèlement. Tous les facteurs pouvant influencer d’une quelconque façon, la relation tabagisme passif/ démence, comme l’âge, le niveau d’éducation, l’hypertension artérielle, la religion, etc. ont été pris en compte.
Au total, ce sont 5 921 patients ont été inclus : 36 % exposés au tabagisme passif à un moment de leur vie, 31 % qui n’avaient jamais fumé et 46 % qui étaient fumeurs ou ex-fumeurs. Ceux qui avaient été exposés à un tabagisme passif étaient plus jeunes, avaient plus souvent eux-mêmes fumé, vivaient dans des communes rurales, étaient moins éduqués et consommaient de l’alcool. Des symptômes de démence modérée ou sévère ont été repérés respectivement chez 15,7 % et 13,6 % des sujets exposés au tabagisme passif contre 14, 1 % et 8,9 de ceux qui ne l’avaient pas été. Le risque de démence sévère est ainsi augmenté de 29 % chez les victimes de tabagisme passif.
La méthode diagnostique de démence reste toutefois inhabituelle dans cette étude, puisque recueillie par ordinateur, et on ne peut exclure que tous les facteurs confondants aient été écartés. Néanmoins il y urgence, estiment les auteurs car 93 % des habitants de notre planète ne sont pas protégés par une loi antitabac dans les espaces publics.
Chen R, et al. Occup Environ Med 2013;70:63–69. doi:10.1136/oemed-2012-100785
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