CHEZ LES SUJETS âgés non déments, on observe une chute accélérée de la fonction cognitive dans la période précédant la mort. Toutefois, on ne sait pas si ce déclin cognitif terminal est dû à une maladie d’Alzheimer sous-jacente ou a une autre pathologie infraclinique, ou s’il est attribuable à un processus biologique lié à la mort imminente. Une autre question reste de savoir si ce déclin cognitif terminal est global, ou s’il ne concerne que des domaines spécifiques. En effet l’hypothèse de dédifférenciation terminale des capacités cognitives reste encore controversée. Selon cette hypothèse, alors que le déclin cognitif dans la période préterminale est variable selon les divers types de capacités cognitives, il devient dans la phase terminale de plus en plus intercorrélé et dédifférencié. Ces questions sont importantes à résoudre pour traiter le déclin cognitif.
L’étude de Wilson et coll. (Chicago) apporte de solides réponses à ces questions. Dans ce travail (Religious Orders Study), 174 religieux catholiques (prêtres, religieuses et moines) âgés de 78 ans en moyenne, et sans démence initiale, ont été examinés annuellement pendant les six à quinze années précédant leur mort. Quatre domaines cognitifs étaient évalués : la mémoire épisodique (7 tests), la mémoire sémantique (3 tests), la mémoire de travail (3 tests) et la vitesse de perception (2 tests). À leur mort, une autopsie cérébrale quantifiait les lésions d’Alzheimer (plaques et enchevêtrements neurofibrillaires).
À la différence des précédentes, cette étude utilise la mort comme point de référence temporelle et non la naissance ou le début de l’étude.
Résultats : le déclin cognitif est relativement progressif durant la période préterminale, avec une vitesse de déclin variable selon les domaines, allant de 0,25 (mémoire épisodique-mémoire de travail) à 0,46 (mémoire épisodique-mémoire sémantique).
En revanche, la cognition décline rapidement dans les deux à trois dernières années de la vie, avec des vitesses de déclin très proches dans les 4 domaines, allant de 0,83 (mémoire de travail-vitesse perceptuelle) à 0,89 (mémoire épisodique-mémoire sémantique, mémoire sémantique-mémoire de travail).
Un taux plus élevé de plaques et d’enchevêtrements est associé à un déclin préterminal plus rapide et à une survenue plus précoce du déclin terminal, mais il n’est pas lié à la vitesse du déclin terminal.
Ces résultats consolident donc l’hypothèse de dédifférenciation terminale des capacités cognitives. Ils suggèrent en outre que le déclin cognitif terminal n’est pas provoqué directement par des processus liés à la maladie d’Alzheimer, mais « par des modifications biologiques dans le cerveau qui sont spécifiques de la fin de la vie », note le Pr Hiroko Dodge (Oregon Health and Science University, Portland) dans un éditorial associé. Dodge laisse entrevoir deux implications cliniques : il pourrait être utile de développer des algorithmes qui permettraient d’identifier si les individus sont dans la phase préterminale ou terminale du déclin cognitif ; les traitements ciblant les processus pathologiques de l’Alzheimer devraient se concentrer sur les changements cognitifs précoces plutôt que tardifs.
Wilson et coll., Neurology, 4 avril 2012, pp. 1116 et 1123.
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