En 2023, 472 signalements liés à la consommation de protoxyde d’azote ont été enregistrés par les centres d'évaluation et d'information sur la pharmacodépendance-addictovigilance (CEIP-A), soit 30 % de plus qu’en 2022. Les centres antipoison et de toxicovigilance (CAP-TV) ont reçu 305 signalements, soit 20 % de plus qu’en 2022. Pour rappel, en 2020, les cas graves déclarés aux centres d’addictovigilance n’étaient « que » 82, et 49 pour les centres antipoison. « Ces chiffres confirment l’augmentation du nombre de cas déclarés de complications associées au protoxyde d’azote observés ces dernières années », notamment depuis 2020, s’inquiète l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) dans un communiqué.
La part des signalements concernant des femmes augmente, note l’ANSM. D’après les données du baromètre de Santé publique France, en 2022, quelque 14 % des 18-24 ans l’avaient déjà expérimenté et plus de 3 % déclaraient en avoir consommé au cours de l’année. En 2023, les consommateurs à l’origine d’un signalement ont en moyenne 22 ans (comme en 2021) ; mais 10 % sont des mineurs.
Près de 60 % des cas liés à des usages répétés sur plus d’un an
En 2023, l’ANSM pointe une augmentation des cas liés à un usage répété et prolongé (plus d’un an) du protoxyde d’azote (ils représentent 59 % des signalements). Parmi ces signalements d'abus, d'usage détourné et de dépendance, 92 % font état d’une consommation de doses élevées et de l’utilisation de bonbonnes de grand volume. Et 50 % d’entre eux relatent un usage quotidien. En revanche, cette consommation est peu associée à celle d’autres substances.
Pour la première fois, en 2023, les centres de toxico- et d’addictovigilance ont reçu les signalements de deux nouveau-nés présentant des troubles neurologiques à la naissance dans un contexte d’usage détourné et répété du protoxyde d’azote par la maman pendant la grossesse. « Nous alertons particulièrement les femmes enceintes et en âge de procréer sur les risques potentiellement graves pour l’enfant à naître d’une exposition importante au protoxyde d’azote pendant la grossesse », indique l’ANSM.
Troubles neurologiques, atteintes de la moelle épinière
Le 16 mars 2023, l’Agence européenne des produits chimiques (Echa) a classé cette substance comme toxique pour la reproduction de catégorie 1B sur proposition de l’Anses, première étape vers une réglementation de niveau européen.
Le protoxyde d’azote peut par ailleurs entraîner une dépendance ainsi que des complications sévères, parfois irréversibles, sur le système nerveux (troubles sensitifs et moteurs, de la coordination, urinaires) et le système cardiovasculaire (cœur et vaisseaux, thromboses, notamment) en cas de prises répétées et/ou en grande quantité. Sans oublier les symptômes psychiatriques : hallucinations, épisodes délirants, troubles de l’humeur.
En 2023, plus de 80 % des cas recensent des troubles neurologiques dont 40 % sont des atteintes graves de la moelle épinière ou des nerfs périphériques.
Se supplémenter en vitamine B12 n’est pas suffisant pour contrer les effets néfastes du protoxyde d’azote. « Si on continue à en consommer, elle sera systématiquement neutralisée et inefficace », souligne l’ANSM. « Pour protéger sa santé, la meilleure solution est de ne pas consommer. »
Une prise en charge en addictologie n’est proposée que dans 16 % des cas, trop souvent refusée par les patients, regrette l’ANSM. Pour aider les professionnels à repérer les signes d’alerte, l’agence propose un document d’aide au diagnostic et à la prise en charge d’une intoxication au protoxyde d’azote. En cas de suspicion de consommation importante, le patient doit être orienté vers une prise en charge addictologique adaptée, notamment via l’équipe de liaison et de soins en addictologie (Elsa) en cas d’hospitalisation. En novembre 2024, s’est ouverte à Lyon une première téléconsultation dédiée aux consommateurs, animée par le Dr Christophe Riou (service universitaire d’addictologie de Lyon).
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