« J'ai eu une vie extraordinaire. La seule chose que je peux souhaiter maintenant, c'est un beau matin ne pas me réveiller et être là-haut, parmi les étoiles », confiait-elle au soir de sa vie. Une vie marquée par 4 200 heures de vol, plus d’une centaine d’évacuations sanitaires, près de 500 missions de guerre, notamment en Indochine et en Algérie, et sept citations avec la croix de guerre. Née le 21 avril 1922 à Strasbourg, la médecin militaire Valérie André est décédée à 102 ans. Première femme à avoir été nommée général, elle a toute sa vie défendu la place de ses paires au sein de l’armée. Sans pour autant vouloir féminiser son titre. « Un grade, ça ne se déforme pas », insistait madame « le » général.
Dès son enfance, au sein d’une famille de neuf enfants, Valérie André se passionne pour l’aviation. « À 10 ans, je disais déjà à mes parents “je serai aviatrice”. Eux pensaient “ça va lui passer” », racontait-elle. Ça ne lui passera pas. Dès l'âge de 17 ans, elle prend des cours de pilotage à l'aéroclub de sa ville natale, sur un avion Potez. Une passion contrariée par le déclenchement de la guerre. Elle s'installe en zone libre et suit des études de médecine à Clermont-Ferrand. Puis décroche son diplôme de médecine de l'université de Paris en 1947. Le sujet de sa thèse de doctorat : la « pathologie du parachutisme ».
Missions en Indochine et en Algérie
En 1948, elle obtient son brevet de parachutisme et est engagée dès l’année suivante en Indochine. Elle y reste quatre ans. « Immédiatement, je me suis dit que c'était l'hélicoptère qui était le plus efficace. Pour aller chercher les blessés et les ramener vers l'arrière. » Elle devient la première femme à passer son brevet de pilote d'hélicoptère. Entre 1952 et 1953, elle effectue 129 vols d'exploitation, assurant l'évacuation de 165 blessés vers des postes médicaux. « Tout s'apprend ! Et puis quand on est motivé, tout semble simple. Je pense que les garçons devaient trouver que je pilotais pas mal… », disait-elle.
Affectée ensuite au centre d'essais en vol de Brétigny-sur-Orge, près de Paris, de 1953 à 1958, avec la spécialité de médecin navigant, elle sert en Algérie de 1959 à 1962, en tant que médecin et pilote à la 23e escadre d'hélicoptères et médecin-chef de la base aérienne de Reghaïa. Elle y effectue plus de 350 missions et sauve de nombreux combattants français.
De retour en France, elle s'attelle à un autre combat, celui de l'égalité femmes-hommes au sein de l'Armée, faisant grincer quelques dents dans la hiérarchie. Elle continue sa carrière d'officier du service de santé, gravit les échelons. En 1976, le jour de ses 54 ans, c'est la consécration : la voici médecin général du service de santé des armées, l'équivalent du grade de général. « Il y avait des oppositions… Ça ne se faisait pas et puis tout d'un coup, ça s'est fait. C'est quand même grisant, c'est sûr », racontait-elle d'une voix fluette à 95 ans passés. En 1981, année où elle quitte le service actif, elle recevra sa troisième étoile, avec rang et prérogatives de général de division. Retraitée, elle présidera la commission d'études sur la place des femmes au sein des forces armées, dont le rapport préconise de ne plus les cantonner aux rôles subalternes et de les juger sur leurs seules aptitudes. Elle est aussi la première à avoir été élevée à titre militaire à la dignité de grand'croix de la Légion d'honneur, en 1999.
En son honneur, l'héliport de Paris-Issy-les-Moulineaux a été baptisé « Valérie-André » en mars 2022. Veuve de l'officier supérieur d'aviation Alexis Santini, elle était la tante par alliance de l'ancien ministre André Santini et maire d’Issy-les-Moulineaux.
« Médecin militaire, elle a évacué, aux pires heures de la guerre d'Indochine, plusieurs soldats français, avec dévouement et courage », a salué le ministre des Armées, Sébastien Lecornu.
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