RIEN DE NEUF à écrire que le stress au travail majore le risque coronarien. Et pourtant, oui. Si les études ont été conclusives sur une relation tension professionnelle-insuffisance coronarienne chez les hommes, le débat persistait en ce qui concerne les femmes. C’est cette preuve que vient de fournir un travail danois, en s’appuyant sur le nombre et la durée.
Karen Allesoe et coll (Glostrup) ont fondé leur démarche sur les données de la cohorte des infirmières danoises. Cette cohorte a été créée en 1993 et est composée de plus de 23 000 infirmières âgées de 45 à 64 ans (médiane : 51 ans). L’enquête a été menée par un questionnaire visant à étudier l’éventuelle relation auprès d’une population de 12 116 femmes. Il a porté sur la relation entre la pression et la vitesse de travail ainsi que l’organisation quotidienne. Mais s’est intéressé aussi aux spécificités du poste, aux facteurs démographiques, ainsi qu’aux critères propres à chacune.
Une majoration du risque de 1,4 fois.
Au cours des quinze années de suivi, 580 cas d’atteinte coronarienne ont été rapportés. Il s’agissait de 369 angines de poitrine, 138 infarctus et 73 autres coronaropathies. Les infirmières se plaignant d’un stress professionnel trop élevé ont eu une majoration du risque coronarien de 1,4 fois, par rapport à celles décrivant une pression tolérable. Pour celles ressentant un stress un peu trop fort, la majoration était de 1,25 fois. Les auteurs ont calculé qu’il existait une nette relation dose de stress/risque coronarien. Il ressort également de l’étude que 60 % des participantes ont déclaré une pression trop ou légèrement élevée. Au plan statistique, il n’existait pas d’atteinte coronarienne lorsque l’organisation du travail quotidien était peu ou pas perturbée par le stress. Dernier point, l’âge jouait un rôle clé dans les résultats, puisqu’ils ne sont significatifs que pour les infirmières de moins de 51 ans à l’enrôlement.
La validité de cette étude danoise s’appuie, expliquent les auteurs, sur plusieurs forces. Elle démontre une puissance statistique suffisante par la taille de la cohorte et le nombre de cas enrôlés. Ensuite, viennent le fort taux de réponses et la validité des réponses aux auto-questionnaires de la part d’infirmières. De plus, les informations sur les atteintes coronariennes ont été croisées à celles des registres nationaux. Enfin, les participantes atteintes de formes mineures ont peut-être échappé à ce recensement, mais cette situation ne peut que renforcer la relation stress-maladie coronarienne.
Seule ombre à l’étude, la conjonction d’un suivi plutôt long et l’enrôlement de personnes proches de la retraite, signifie qu’un nombre croissant de participantes n’était plus exposé à la pression. Ce biais peut avoir conduit à de mauvaises classifications et avoir réduit la force de la relation mise en évidence.
Occup Environ Med édition en ligne du 6 mai 2010.
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