Depuis le début de l'épidémie de Covid-19, le plasma de convalescents figure parmi les pistes de traitement activement explorées par les chercheurs. De nombreuses études ont été entamées, mais peu d'entre elles ont publié leurs résultats à ce jour, et souvent avec des nombres de patients inclus relativement faibles.
Dans une méta-analyse publiée dans le « JAMA », une équipe de chercheurs suisses, allemands, californiens et suédois a colligé les données de 1 060 patients provenant de quatre essais randomisés. Il s'agissait dans tous les cas d'études menées chez des patients hospitalisés pour des formes sévères de la maladie.
Sur la base de ses quatre premières études, le risque de mortalité toutes causes était diminué de 7 % chez les patients bénéficiant d'un traitement de plasma de convalescents (différence non statistiquement significative). Les auteurs ont ensuite ajouté les données de six autres études encore non publiées, atteignant un total de 10 722 patients. Le risque de décès était alors augmenté de 2 % (toujours non significatif). Dans tous les cas, il n'y avait pas d'association significative entre la prise du traitement et la durée d'hospitalisation, le besoin en ventilation mécanique, l'amélioration (ou au contraire l'aggravation) de l'état clinique.
Des résultats encore fragiles
Les auteurs insistent sur le fait que leurs résultats sont à manipuler avec précaution : l'étude Recovery est à l'origine de 90 % des cas de la méta-analyse, or les résultats n'ont été communiqués jusqu'à présent que par voie de presse. C'est notamment pour cette raison qu'ils ne tirent aucune conclusion quant à la sécurité du traitement par plasma de convalescents.
Ces résultats semblent confirmer l'absence de bénéfices attendus de l'approche thérapeutique basée sur le plasma de convalescents. Une étude indienne publiée dans le « BMJ » en octobre dernier avait déjà conclu à une absence d'efficacité, tandis que le comité scientifique de l'étude Recovery a décidé, le 15 janvier dernier, de stopper le recrutement pour le bras traité par plasma, faute de résultats préliminaires convaincants. En France, les résultats de l'étude Coviplasm ne sont pas encore connus.
Aux États-Unis, les instituts nationaux de la santé ont décidé d'arrêter les frais, et mettant un coup d'arrêt à un essai clinique sur l'utilisation du plasma de convalescent dans la piste en charge du SARS-CoV-2. Cette décision a été prise à la suite d'une réunion tenue le 25 février par le comité indépendant d'experts supervisant l'étude. Ces derniers ont considéré que, bien que l'injection de plasma de convalescent ne soit pas associée à un quelconque risque d'effet secondaire, « il est très peu probable que le plasma de convalescent présente un bénéfice pour le groupe de patients à qui il est administré », ont estimé les experts en conclusion de leur réunion sur la base de résultats intermédiaires.
Lancé en août 2020, cet essai baptisé C3PO en référence au robot doré de " la Guerre de l'étoile " (Clinical Trial of COVID-19 Convalescent Plasma of Outpatients) avait déjà recruté 511 de 900 patients prévus dans 47 centres hospitaliers.
Article mis à jour le 3 mars à 14 h 30 à la suite de l'annonce des NIH.
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