Dans l'infection par le SARS-CoV-2, les atteintes multiviscérales survenant chez les enfants, aussi appelées syndromes de Kawasaki atypique, présentent des similarités cliniques avec le syndrome du choc toxique observé chez les adultes.
Cette constatation a conduit les chercheurs à chercher des origines communes. En utilisant une modélisation in silico, des chercheurs de l'université allemande Halle-Wittenberg et de l'université de Pittsburgh ont mis en évidence un superantigène, c’est-à-dire un antigène capable de provoquer une mobilisation massive des lymphocytes T et la production l'interleukine IL-1 et de TNFα, qui pourraient être à l'origine de ces deux morbidités.
Ce superantigène correspond à un motif de la protéine Spike, cette porte d'entrée du virus dans la cellule. La séquence génétique codant pour ce superantigène, ainsi que sa structure, semblent indiquer qu'il est capable d'interagir à la fois avec le récepteur TCR des lymphocytes T mais aussi avec le signal de co-stimulation CD38.
De potentiels traitements envisagés
Ces résultats suggèrent également que l'hyperinflammation observée lors des cas sévères de Covid-19, chez l'adulte comme chez l'enfant, s'appuie sur des mécanismes utilisant des superantigènes identiques à ceux déjà décris dans d'autres infections virales ou bactériennes. Une analyse des lymphocytes T de malades montre la présence de récepteurs TCRVβ, connus pour être caractéristiques de l'activation par des superantigènes dans d'autres scénarios infectieux.
La conviction des chercheurs a été renforcée par des travaux plus anciens menés sur l'immunogénicité provoquée par le SARS-CoV-1 chez 128 patients. En particulier, le peptide Spike 18-mer D649-L666, qui est l'un des mieux reconnus par les lymphocytes, a une structure homologue à celle du superantigène identifié par les auteurs.
« Nos résultats ont une implication excitante : les traitements immunomodulateurs utilisés contre le choc toxique chez l'adulte (comme la dexaméthasone N.D.L.R) pourraient être également efficaces chez l'enfant atteint d'un syndrome de Kawasaki atypique », se réjouissent les auteurs. En outre, les immunoglobulines en intraveineuse semblent avoir un effet sur les patients pédiatriques ayant des atteintes multiviscérales, comme le rappellent les auteurs d'après la littérature. En pratique, les immunoglobulines et les corticoïdes sont utilisés dans les services pédiatriques, comme à l'hôpital Robert Debré (voir « Le Quotidien » du 17/07/2020). D'autres traitements déjà autorisés pourraient être envisagés : le CTLA4-Ig (Belatacept), connu pour bloquer le signal de co-stimulation, et les inhibiteurs de mTOR.
Les auteurs ajoutent qu'une mutation D839Y du SARS-CoV-2 observée en Europe pourrait augmenter l'affinité entre le superantigène et le récepteur TCR des lymphocytes T ce qui pourrait, au moins en partie, expliquer pourquoi des syndromes de Kawasaki atypiques sont surtout décrits sur le continent européen.
M Hongying Cheng et al. PNAS, 2020, doi.org/10.1073/pnas.2010722117
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