C’EST LA PREMIÈRE mutation virale associée à une forme grave de grippe. Alors que cette substitution spécifique de l’hémagglutinine virale est fréquemment retrouvée, en effet, dans les cas sévères et mortels, elle est complètement absente parmi les cas modérés.
Les virologues d’Oslo ont analysé les prélèvements respiratoires de 61 cas graves et mortels survenus entre juillet et décembre 2009, ainsi que ceux de 205 cas modérés recueillis entre mai 2009 et janvier 2010. La mutation D222G a été retrouvée dans 11 des 61 cas sévères. En revanche, ces mutants n’ont été observés chez aucun des 205 cas modérés. Ainsi la fréquence de cette substitution était significativement plus élevée dans les cas graves, ce qui n’a pas été observé pour d’autres substitutions, comme la D222E ou D222N. Les cas porteurs de la mutation D222G n’avaient aucun lien épidémiologique.
Un virus peut-être rendu plus pneumotropique.
La substitution 222G est survenue sporadiquement chez quelques cas isolés. Il semble que cette mutation soit corrélée à la sévérité de l’infection. Comme la position 222 est située au niveau d’un récepteur de l’hémagglutinine, il est possible qu’elle modifie le tropisme cellulaire du virus en le rendant plus pneumotropique. Autre postulat, il est possible que ces mutations surviennent chez des sujets vulnérables se défendant moins bien contre l’infection et susceptibles d’avoir plus facilement une atteinte des voies respiratoires basses. La plupart des cas graves ont été d’ailleurs observés chez des sujets à risque. Reste que les deux hypothèses ne s’excluent pas mutuellement.
Les virologues norvégiens rappellent que la substitution D222G n’est pas nécessaire pour que l’atteinte soit sévère et la très grande majorité des cas graves n’en étaient pas porteurs. Et si la pandémie s’est révélée plus bénigne qu’attendue, que la mutation est sporadique et l’impact en santé publique limité, le phénomène doit faire garder à l’esprit que la virulence faible du virus pandémique n’est pas immuable. C’est pourquoi les efforts pour limiter la transmission du virus à l’échelon individuel et collectif doivent être maintenus.
Eurosurveillance, volume 15, issue 9, 4 mars 2010.
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