DEPUIS la découverte du virus Ebola en 1976 et en dépit de l’extrême gravité de l’infection, l’arsenal thérapeutique reste encore limité aux symptômes et aux mesures d’isolement. L’équipe du Pr Thomas Geisbert suggère un nouveau moyen de se protéger après exposition au virus ZEBOV avec des résultats encourageants obtenus chez des macaques. L’objectif visé est de protéger non seulement les populations en contact avec un sujet malade dans les zones d’épidémie, en Afrique centrale essentiellement, mais aussi plus proches de nous, les chercheurs travaillant sur le virus en laboratoire à risque d’accident d’exposition.
Il s’agirait d’administrer très précocement des injections de petits ARN interférants (ARNi), qui empêchent la synthèse de trois protéines virales et qui inhibent ainsi la réplication virale. Avec 100 % des singes protégés après 7 injections, cette approche a de bonnes chances de trouver sa place seule dans la lutte contre l’infection chez l’homme ou, plus probablement, en association. D’autres options pour la prophylaxie sont également à l’étude, comme les oligonucléotides antisens, les modulateurs de la coagulation et la vaccination postexposition, utilisant comme vecteur le virus de la stomatite vésiculaire. De plus, des résultats prometteurs ont été obtenus très récemment (voir le « Quotidien » du 27 mai) chez le singe avec un vaccin ciblant trois souches du virus Ebola, ZEBOV, SEBOV et BEBOV.
Sept injections précoces.
Si la recherche sur le filovirus a fait de grands pas, elle est circonscrite pour le moment à l’animal. Ainsi, après avoir étudié la piste des ARNi chez les cobayes, l’équipe de Geisbert des National Institutes of Health est passée au primate, chez le macaque rhésus. Ici, les ARN interférants ciblaient, non pas une seule, mais trois protéines virales, la polymérase L, la VP24 et la VP35, afin de prévenir l’apparition de mutants. Ces ARNi étaient formulés dans des particules stables lipidiques, ceci dans le but de limiter la toxicité par immunostimulation.
Deux groupes de macaques ont été traités par perfusion de ce cocktail d’ARNi antiZEBOV, l’un (n = 3) à l’aide de 4 injections, à 30 minutes et aux 1er, 3e et 5e jours après exposition, l’autre (n = 4) à l’aide de 7 injections, à 30 minutes et aux 1er, 2e, 3e, 4e, 5e et 6e jours après exposition. Deux des trois animaux du 1er groupe ont été protégés de l’infection léthale par ZEBOV, tandis que 100 % des singes (n = 4) du 2e groupe ont survécu. Le traitement a été bien toléré, en particulier sans activation du système immunitaire (TNFalpha, IL6, IFN), certainement en raison des modifications génétiques réalisées au préalable par les chercheurs. Le modèle du macaque rhésus est un scénario catastrophe de ce qui peut se passer chez l’homme, puisque la léthalité du virus Ebola est encore plus forte chez les singes. La fenêtre thérapeutique pourrait ainsi être plus large que 30 minutes chez l’homme, même si le traitement a toutes les chances d’être le plus bénéfique en administration très précoce.
The Lancet, volume 375, 1896-1905, 29 mai 2010.
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