L’augmentation récente des cas de rougeole inquiète les autorités sanitaires. « La situation épidémiologique observée (…) depuis le début de l’année fait craindre, au vu de la forte contagiosité de la maladie, une diffusion plus large sur le territoire national au cours des semaines à venir », alerte la Direction générale de la santé (DGS). Le premier message concerne la couverture vaccinale de la population, qui doit être élevée à tout âge « y compris celle des professionnels de santé ou ceux exerçant au contact d’enfants », une condition « indispensable pour limiter la circulation virale et protéger les plus fragiles ».
Face à un cas cliniquement évocateur (voir encadré ci-dessous), la DGS insiste sur un signalement précoce « sans délai » et « y compris avant les résultats biologiques », à l’agence régionale de santé (ARS) « par tout moyen approprié (téléphone, mail) » et « obligatoirement par l’envoi de la fiche déclaration obligatoire même si tous les items n’ont pu être renseignés ».
Isoler la personne en salle d’attente
Si le cas est déjà identifié comme suspect voire confirmé, il est recommandé de faire en sorte que les patients se mettent à l’écart dans la salle d’attente, limitent leurs déplacements et portent un masque chirurgical (masque FFP2 pour les cas contacts) avec une hygiène des mains régulière. Il est nécessaire, de plus, « d’accélérer la prise en charge » afin d’éviter les contacts dans la salle d’attente. Il est recommandé de ne pas utiliser les locaux « tant qu’une aération efficace n’a pas pu être assurée (persistance du virus jusqu’à 2 heures dans l’air et/ou sur les surfaces) », est-il spécifié.
L’éviction est à recommander pendant toute la période de contagiosité du cas, « à savoir dès les premiers symptômes (phase prodromique avant l’éruption) et jusqu’à 5 jours après le début de l’éruption », est-il spécifié.
Prophylaxie post-exposition
Le DGS-Urgent publié le 7 mars appelle à identifier les personnes à risque de forme grave (nourrissons de moins de 12 mois, personnes immunodéprimées, femmes enceintes) parmi les cas contacts. La prophylaxie post-exposition repose : soit sur une vaccination (une dose du vaccin trivalent ROR à réaliser dans les 72 heures chez les nourrissons de 6 à 11 mois révolus, en respectant les contre-indications habituelles) ; soit sur une prise en charge hospitalière pour l’administration d’immunoglobulines polyvalentes dans les 6 jours suivant le contage (date de premier contact avec un cas confirmé de rougeole) pour les personnes immunodéprimées, les femmes enceintes, les nourrissons de moins de 6 mois nés de mère non immunisée et les nourrissons de 6 à 11 mois n’ayant pas pu être vaccinés dans les 72 heures suivant le contage quel que soit le statut vaccinal de la mère ou ses antécédents de rougeole.
Par ailleurs, pour tous les contacts d’un cas de rougeole, la DGS appelle à « vérifier le statut vaccinal et compléter la vaccination de toutes les personnes, nées à partir de 1980 », afin que chaque personne ait bien reçu deux doses de vaccin contre la rougeole avec un délai minimum d’un mois entre les deux doses (ou trois doses pour les personnes ayant débuté leur vaccination avant l’âge de 12 mois). S’il s’agit de cas groupés de rougeole (et non plus d’un cas isolé), « toutes les personnes, y compris celles nées avant 1980 », doivent recevoir deux doses de vaccin (ou trois si la première a été réalisée avant 12 mois). Pour les cas contacts professionnels de santé ou personnels chargés de la petite enfance, sans antécédent de rougeole, « quelle que soit leur date de naissance », qu’il s’agisse d’un cas isolé ou de cas groupés, la mise à jour doit atteindre deux doses de vaccin trivalent. Pour tous, « cette vaccination, si elle est réalisée dans les 72 heures qui suivent un contact avec un cas, peut éviter la survenue de la maladie, est-il précisé. Elle reste préconisée même si ce délai est dépassé ».
Vérifier la vaccination en routine
Dans le contexte de recrudescence saisonnière attendue dans les prochains mois, la DGS demande de vérifier le statut vaccinal contre la rougeole « en routine, quel que soit le motif de consultation », et le cas échéant de procéder au rattrapage selon les recommandations en vigueur (dans le respect des contre-indications habituelles du vaccin trivalent ROR).
La DGS insiste sur « l’importance et la nécessité » que tous les professionnels de santé et ceux travaillant au contact des enfants nés après 1980 soient vaccinés avec deux doses de vaccin ROR, comme le reste de la population générale. Quant aux professionnels nés avant 1980, non vaccinés et sans antécédent connu de rougeole, ils doivent recevoir une dose de vaccin.
Pour les voyageurs se rendant dans un pays d’endémie ou en phase d’épidémie, il est recommandé d’administrer une dose de vaccin ROR pour les nourrissons dès l’âge de 6 mois (ces enfants devront par la suite recevoir deux doses de vaccin ROR trivalent selon le calendrier vaccinal) ainsi que pour les personnes nées avant 1980 non protégées contre la rougeole (sans antécédent connu de rougeole ou non vaccinées antérieurement).
Détection clinique et confirmation biologique
Le diagnostic clinique de la rougeole doit être évoqué devant tout patient, quel que soit son statut vaccinal, en présence d’une fièvre ≥ 38,5 °C associée à une éruption maculo-papuleuse et au moins un des signes suivants : conjonctivite, rhinite, toux, signe de Köplik. Les patients sont contagieux 5 jours avant l’apparition de l’éruption et jusqu’à 5 jours après l’apparition de l’éruption.
Une confirmation biologique est indispensable préférentiellement par prélèvement oropharyngé et amplification génique par RT-PCR, l’ARN viral étant détectable de quelques jours avant le début de l’éruption jusqu’à environ 10 jours après. La recherche d’IgM, salivaire (Kit Oracol) ou sérique, est également possible et ne doit être réalisée qu’à partir du 3e jour après le début de l’éruption.
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