Près de la moitié des encéphalites infectieuses n'ont pas de diagnostic étiologique. Ceci soulève deux hypothèses. La première étant que certaines, qui sont soupçonnées d'être infectieuses ne le sont pas, la seconde qu'il existe des agents pathogènes qu'on ne trouve pas. Récemment, tous les prélèvements de LCR effectués lors d'une encéphalite supposée infectieuse (patients inclus dans une étude au cours de l’année 2007) ont été analysés à l'Institut Pasteur. Sans résultat. Ce qui ne veut pas dire que l'encéphalite n'était pas infectieuse mais que l'agent pathogène n'était pas identifié avec les méthodes de détection à disposition ou qu'il avait disparu après avoir semé ses conséquences.
Dans une étude française publiée en 2009 (1), les agents infectieux les plus fréquents étaient le virus Herpes simplex, largement en tête, puis le Varicella-zoster virus et deux bactéries : Mycobacterium tuberculosis et Listeria monocytogenes. La mortalité se situait autour de 10 %. Dans cette étude de 253 patients, 3 % des encéphalites étaient à auto-anticorps. Ces étiologies se retrouvaient un an plus tard dans une étude anglaise (sans Listeria, les Anglais ne mangeant pas de fromage, ou du moins pas le même que le nôtre).
Les encéphalites auto-immunes ne sont pas à proprement parler infectieuses mais peuvent ressembler à une encéphalite herpétique. De plus, des publications récentes soulignent qu'elles pourraient être déclenchées par une encéphalite herpétique. Ces observations élargissent le champ de recherche des encéphalites infectieuses.
Les patients de l'étude française de 2007 ont été revus trois ans plus tard. 40 % d'entre eux présentaient des séquelles neuro-psycho-sociales : dépression, changement de comportement, troubles affectifs, difficultés professionnelles… L'évaluation des séquelles est un enjeu important. Rien n'existe sur le sujet dans la littérature mondiale. Mais des recommandations sont en cours d'écriture.
Enfin, les encéphalites doivent dans certains cas être considérées comme les témoins d'une maladie émergente. Les Américains, par exemple, observent l'évolution du West Nile virus sur tout le continent américain à partir des manifestations neurologiques, lesquelles sont suffisamment spectaculaires pour que tous les cas soient identifiés.
Entretien avec le Pr Jean-Paul Stahl, chef du service des maladies infectieuses et tropicales, CHU de Grenoble
(1) Mailles A., Stahl J-P. Infectious Encephalitis in France in 2007: A National Prospective Study. Clin Infect Dis. 2009;49(12):1838-47
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