UN ROMAN policier de Fred Vargas « Pars vite et reviens tard », porté à l’écran, est construit autour d’un risque d’épidémie de peste, de nos jours, dans Paris. Yersinia pestis fait aussi partie des agents infectieux fichés au bioterrorisme, groupe A. Et si dans de telles éventualités les personnes traitées par une statine étaient épargnées ? C’est l’hypothèse, tout à fait vraisemblable, qu’alimente le travail d’une équipe CNRS d’Aix-Marseille 2. Didier Raoult et Michel Drancourt viennent de montrer, chez l’animal, qu’une statine, la lovastatine, peut prévenir le décès, sans pour autant démontrer une activité de type antibiotique.
Les chercheurs sont partis d’un fait connu, les statines semblent capables de prévenir les infections et de faire diminuer la mortalité au cours des sepsis sévères. Surtout lorsqu’elles sont administrées avant la contamination bactérienne. Ils ont donc voulu tester cette activité au cours de la peste, en recrudescence dans certaines parties du monde (500 à 600 cas par an à Madagascar). Des souris ont donc reçu de la lovastatine, par voie parentérale, en solution lipidique, puis en intrapéritonéal (pour sa rapidité d’action) des doses infectantes de Y. pestis. Des lots de rongeurs servaient de contrôle.
Ni bactériémie, ni lésions typiques.
Toutes les souris ont présenté les symptômes de la peste. Mais en 48 heures la majorité des témoins (11/15, 73,5 %) n’avaient pas survécu, contrairement à celles sous lovastatine (3/15, 20 %). Ces survivants traités ne présentaient ni bactériémie, ni lésions typiques viscérales au 10e jour après l’infection.
L’absence d’activité antibactérienne du mélange lovastatine avec solvant (Endolipide) a été constatée in vitro. Ce qui ne surprend guère les chercheurs. Le génome bactérien ne code, en effet, pas pour l’HMG-CoA réductase, la cible moléculaire de la lovastatine. L’activité de la statine apparaîtrait après que la bactérie a été au contact des cellules hôtes.
L’intérêt de ce travail, expliquent les auteurs, se situerait en prophylaxie secondaire de la peste (la prévention primaire repose sur des mesures physico-chimiques contre le vecteur, la puce du rat). En cas de contact avec la bactérie, la prophylaxie se fonde sur l’administration de tétracyclines et de cotrimoxazole. Et même si Y. pestis se montre sensible à la majorité des antibiotiques, des résistances émergent, sans négliger celles qui pourraient être conçues dans le cadre du bioterrorisme. D. Raoult et M. Drancourt concluent que ce qui vient d’être démontré chez l’animal pourrait être conforté par des études menées auprès de patients traités par une statine en zone d’endémie.
PLoS ONE, juin 2010, vol 5, n° 6, e10928.
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