Le « Lancet » publie à la veille de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme du 25 avril les résultats du vaccin développé par GlaxoSmithKline (GSK), le premier candidat vaccin en phase III de développement. Si le vaccin, RTS,S/AS01 n’a qu’une efficacité partielle, n’offrant qu’une protection limitée chez les enfants 4 ans après la vaccination, il pourrait néanmoins à l’échelle collective éviter la survenue d’un grand nombre de cas de paludisme dans les pays à forte prévalence et contribuer ainsi au contrôle de la maladie en combinaison avec d’autres mesures de contrôle efficaces (moustiquaires imprégnées d’insecticide, traitements...).
Une dose de rappel à 18 mois
Les résultats montrent aussi que l’efficacité contre les formes graves de paludisme était encore moins bonne chez les plus petits que chez les plus grands et que dans les deux cas, elle avait tendance à diminuer avec le temps. L’efficacité du vaccin a été améliorée par l’administration d’une dose de rappel 18 mois après la primo-vaccination.
L’essai a été réalisé auprès de 15 500 bébés et d’enfants en bas âge de sept pays d’Afrique (Burkina Faso, Gabon, Ghana, Kenya, Malawi, Mozambique et Tanzanie) constitués de deux groupes : un groupe de bébés de 6 à 12 semaines et un autre de petits âgés de 5 à 17 mois. Certains d’entre eux ont eu une injection de rappel 18 mois après la dernière dose de la vaccination initiale, comportant 3 doses administrées au cours des trois premiers mois de vie.
Chez les enfants qui ont reçu une dose de rappel, le nombre de simples épisodes cliniques de paludisme après 4 ans a été réduit d’un peu plus d’un tiers (36 %) dans le groupe des 5-17 mois et de 26 % dans le groupe des nourrissons. Sans dose de rappel, les trois doses de la primo-vaccination ont réduit les cas de paludisme clinique de 28 % chez les enfants de 5 à 7 mois et de 18 % chez les nourrissons.
Formes graves et profil de tolérance
Le vaccin n’a pas démontré d’efficacité significative contre le paludisme sévère chez les 5-17 mois. Cependant, chez ceux qui ont eu un rappel, l’efficacité protectrice globale contre les formes graves de paludisme était de 32 %, et de 35 % contre les hospitalisations liées au paludisme. Chez les nourrissons dont la vaccination a été suivie d’un rappel, la réduction de crises palustres était de 26 % sur 3 ans de suivi, mais il n’y a pas eu de protection significative contre les accès palustres sévères. Le profil de tolérance du vaccin est « acceptable ». Cependant, des cas de méningites ont été signalés chez les enfants, 11 chez ceux qui n’ont eu que la primo-vaccination et 10 chez ceux qui on eu la dose de rappel. « Cela pourrait être dû au hasard, puisque des comparaisons ont été faites entre les groupes pour de nombreuses maladies différentes, et parce que certains de ces cas sont survenus des années après la vaccination sans aucune relation évidente avec la vaccination. L’apparition de la méningite sera suivie de près au cours des études de la phase IV, si le RTS,S est autorisé », indiquent les investigateurs.
Ces résultats finaux sont à la fois encourageants et décevants. « Nous avons enfin un vaccin contre le paludisme qui marche – mais il ne marche pas aussi bien que l’on espérait au départ », a déclaré Nick White, professeur de médecine tropicale à l’Université Mahidol à Bangkok et à Oxford. Le Pr Adrian Hill, directeur de l’institut Jenner à l’université d’Oxford, salue ce travail, mais s’interroge sur les « avantages potentiels pour la santé publique » de ce vaccin qui, d’après lui, ne sont pas « encore clairs ».
L’agence européenne du médicament (EMA) examine le dossier du vaccin GSK, mais il faudra encore les recommandations de l’OMS avant une éventuelle diffusion du vaccin notamment en Afrique.
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