Reconditionner les patients à l'effort

Les Covid longs, des formes très particulières

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Publié le 22/12/2020
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Certains patients présentent des symptômes pneumologiques persistants à distance de l'infection initiale par le SARS-CoV-2. Un programme de réadaptation post-Covid permet d'aider ces personnes à récupérer.
15 à 30 % des patients infectés garderaient des symptômes invalidants

15 à 30 % des patients infectés garderaient des symptômes invalidants
Crédit photo : Phanie

Qui sont les sujets présentant des Covid longs ? Ces patients ne sont généralement pas passés par le parcours catastrophique de la réanimation, qui expose au risque de fibrose fixée. Ce ne sont pas non plus des insuffisants cardiaques qui désaturent.

Contrairement à la forme aiguë très grave, ce sont plutôt des jeunes actifs et sans facteur de risque : des femmes de 40 à 60 ans et des hommes de 30 à 50 ans dont la vie se retrouve totalement bousculée. Environ 15 à 30 % des patients infectés garderaient des symptômes invalidants, estime le Dr Nicolas Barizien, qui a lancé Rehab-Covid, un programme de réadaptation pulmonaire en post-Covid, à l'hôpital Foch à Suresnes.

Trois profils types

Ces personnes ayant un Covid long peinent à l'effort. La première chose à faire est de vérifier qu’il n’y a pas de séquelle tissulaire de l’infection par le SARS-CoV-2 en éliminant : une fibrose pulmonaire au scanner, une myopéricardite à l'échographie ou à l'IRM cardiaque, ainsi qu'une embolie pulmonaire et une ischémie cardiaque par les D-dimères et la troponine à la biologie.

Une fois ce bilan réalisé, il faut évaluer les patients pour les efforts de la vie quotidienne. En pratique, trois profils types de patients ayant un Covid long se dessinent. « Primo les sujets déconditionnés : ils ont perdu une masse musculaire très importante au cours du Covid aigu, entre 5 à 10 % du poids corporel, et n'ont pas récupéré. Secundo, les sujets en stress post-traumatique ou syndrome anxieux qui n'arrivent plus à respirer complètement, bloqués par le stress. Enfin, tertio les "vrais" Covid longs qui à mon sens présentent une perturbation de leur système neurovégétatif s'exprimant par une dérégulation de leur respiration ou de leur fréquence cardiaque », souligne le médecin, par ailleurs président de la Société d’Île-de-France de médecine du sport santé.

Syndrome d'hyperventilation

Parmi ces vrais Covid longs, il y a ceux qui ont un syndrome d’hyperventilation avec une respiration superficielle peu efficace, qui se rééduque en quelques semaines avec un kinésithérapeute. Mais il y a également ceux qui ont une fréquence cardiaque (FC) inadaptée sans trouble du rythme cardiaque : alors qu'ils sont au repos avec une FC normale de 60-80 pulsations par minute (ppm), ils passent d'un coup à 110 ppm durant 5 à 10 minutes avant de redescendre à 80. Le mécanisme physiopathologique à l'origine de ce trouble d'inadéquation cardiorespiratoire n'est pas connu.

En cas de déconditionnement à l'effort, l'activité physique associée à un régime hyperprotéiné et à la kinésithérapie motrice est très efficace, quand la prise en charge psychologique est centrale pour les sujets anxieux. Enfin, le syndrome d'hyperventilation répond assez bien à une kinésithérapie respiratoire, tandis qu'un dérèglement cardiaque est plus long à corriger.

Pour le Dr Barizien, il est crucial de rassurer les patients sur leur guérison. « Le Covid long n'est pas une pathologie fantasmée, souligne-t-il. Il faut leur dire que ça existe et que ça ne semble pas grave. C'est une convalescence particulièrement longue comme après une mononucléose infectieuse. Il faut dire aux patients qu'une rééducation appropriée et un suivi psychologique adapté vont leur permettre de récupérer plus vite leur état antérieur ».

Pascale Solere

Source : Le Quotidien du médecin