Quelle est la sensibilité des variants du SARS-CoV-2 aux anticorps neutralisants développés après une infection par la souche historique ou après vaccination ? Comme d’autres équipes (1), les chercheurs de l’Institut Pasteur en collaboration avec le CHR d’Orléans, le CHRU de Tours, le CHI de Créteil, le CHU de Strasbourg et l’hôpital européen Geroges Pompidou confirment que l’efficacité neutralisante vis-à-vis du variant britannique (B.1.1.7) est quasi-identique par rapport au virus historique de référence en France (appelé D614G). Mais l’étude française (2) conclut également que le variant sud-africain (B.1.351) est moins sensible aux anticorps neutralisants anti-SARS-CoV-2.
Dans ce travail, les chercheurs ont isolé les variants B.1.1.7 et B.1.351 du SARS-CoV-2 à partir d’échantillons fournis par le Centre national de référence (CNR) des virus et des infections respiratoires hébergé à l’Institut Pasteur. « Nous pensons qu’il est crucial d’utiliser des souches virales infectieuses authentiques, en plus des pseudovirus, pour évaluer la sensibilité virale aux anticorps neutralisants », précise Olivier Schwartz, l’un des auteurs principaux de l’étude et directeur de l’unité Virus et immunité à l’Institut Pasteur.
L’étude montre que le variant anglais (B.1.1.7) a été neutralisé par 95 % (79 sur 83) des sérums recueillis neuf mois après une infection par le SARS-CoV-2, comme ce qui a été observé pour la souche D614G. En revanche, les chercheurs ont observé une perte d’activité neutralisante contre le variant sud-africain dans 40 % des sérums neuf mois après la primo-infection. Des concentrations six fois plus importantes d’anticorps étaient nécessaires pour neutraliser le variant sud-africain par rapport à la souche D614G.
« Nous montrons que le variant sud-africain a acquis une résistance partielle aux anticorps produits après une infection naturelle. Cette perte d’efficacité est surtout visible chez les individus avec de faibles niveaux d’anticorps », commente le chercheur.
Une protection vaccinale moins précoce
Les chercheurs se sont également intéressés aux sérums d’individus vaccinés avec le Comirnaty de Pfizer-BioNTech. Les résultats révèlent qu’à deux semaines après la 1re injection, le sérum est neutralisant uniquement contre la souche D614G, alors qu’il commence à l’être contre la souche B.1.1.7 à partir de la 3e semaine et de manière moins efficace que contre la souche de référence. La réponse anti-B.1.351, négative jusqu’à la 3e semaine, est devenue détectable à partir de la 4e semaine.
Quatre semaines après la 1re injection, soit une semaine après la seconde injection, 80 % des sérums sont neutralisants pour D614G et B.1.1.7, alors que 60 % le sont pour le variant B.1.351. « Le vaccin a généré une réponse neutralisante ciblant efficacement les souches D614G et B.1.1.7, même s’il y a eu un retard dans l’apparition d’anticorps neutralisants contre B.1.1.7. L’efficacité des anticorps neutralisants pour la souche B.1.351 est plus faible », commentent la Pr Sylvie van der Werf, responsable du CNR de l’Institut Pasteur et le Dr Thierry Prazuck, infectiologue au CHR d’Orléans, co-auteurs de l’étude.
(1) W Garcia-Beltran et al, Cell,
(2) D. Planas et al, Nature Medicine, mars 2021. doi.org/10.1038/s41591-021-01318-5
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