MÊME SI les derniers bilans sont comparables à ceux d’une grippe saisonnière*, « c’est le nouveau virus H1N1 qui nous inquiète le plus », a reconnu la directrice générale devant les 193 délégations des États membres réunis en assemblée annuelle, la semaine dernière à Genève. « Pour la première fois dans l’histoire, a-t-elle souligné, nous voyons se dérouler sous nos yeux les événements annonciateurs du début d’une pandémie. Le monde entier est sur le qui-vive comme jamais auparavant. » Pourtant, a-t-elle reconnu, « nous n’avons pas les connaissances scientifiques nécessaires pour interpréter toutes les données ». D’où le dilemme sur lequel s’est achevé l’assemblée : comment, à ce stade, décider de passer du niveau 5 (pandémie imminente), déclaré le 29 avril, au niveau 6 (pandémie déclarée), en donnant des conseils universellement valables ? Le Dr Chan, en l’état actuel des informations scientifiques, retient quatre données :
- Le virus est « hautement contagieux et il continuera de toucher de nouveaux pays, tout en se propageant à l’intérieur de ceux où il est déjà signalé ».
- Il est « malin »et il « agit sournoisement » : comme sa présence n’est pas signalée par une explosion soudaine de nouveaux cas, il nécessite des moyens de dépistage et d’investigation très approfondis. « Pendant combien de temps les efforts de veille pourront-ils être poursuivis ? », s’interroge la directrice générale.
- Il va maintenant circuler durer l’hiver austral à l’intérieur de l’hémisphère Sud, où il risque d’échanger son matériel génétique avec d’autres virus grippaux, selon des schémas imprévisibles.
- Il va susciter davantage de cas graves et mortels dans les pays où il est présent, et en particulier dans les pays en développement.
« Un grand trou noir »
C’est ce passage au Sud qui préoccupe le plus les autorités internationales (« le Quotidien » du 19 mai). Dans la plupart de ces pays, « il n’y a pas de système efficace d’information sur les causes de décès, qu’il s’agisse des cas de méningite, de rage, ou de tous types de grippe », a affirmé Ties Boerma, directeur du service des statistiques de santé de l’OMS, évoquant même « un grand trou noir » que l’organisation tente de réduire avec ses partenaires.
Dans ce contexte décidément incertain, deux questions revêtent une importance accrue :
- Le critère de la propagation géographique des cas est-il le plus pertinent ? Plusieurs délégations estiment que ce recueil exige des ressources considérables et qu’il ne pourra être longtemps privilégié, par rapport à d’autres signaux. Les États-Unis commencent à renoncer à effectuer des contrôles sur une grande échelle de population : « Pour examiner les facteurs qui signifieraient une augmentation substantielle du risque pour la population, a expliqué le Dr Keiji Fukuda, nous devons étudier un éventuel changement clinique qui surviendrait dans les symptômes et sur leur gravité, lié à une recombinaison avec d’autres virus », la principale hantise portant sur un cocktail liant les caractérisques très contagieuses du A(H1N1) à celles très virulentes du H5N1.
- Le lancement de la production vaccinale, séparée ou conjointe avec celle du vaccin contre la grippe saisonnière, va-t-il enfin être décidé ? En l’absence de décision formelle de l’OMS, les gouvernements pourraient s’impatienter, alors que les délais par la culture cellulaire nécessitent un minimum de seize semaines avant la mise sur le marché. Ces derniers jours, le HHS, département de la santé des États-Unis (le pays le plus touché avec 6 500 cas dont 9 mortels) a passé trois commandes aux principaux fabricants : Novartis, pour 206,8 millions de dollars, GlaxoSmithKline (181 millions) et Sanofi-Pasteur, (190 millions). En tout, le budget américain pour la production du vaccin contre le A(H1N1) devrait atteindre un milliard de dollars, selon le HHS . Clients et fournisseurs attendent le feu vert de l’OMS pour démarrer les productions.
* Le bilan OMS du 25 mai fait état de 12 515 cas dans 46 pays, dont 91 ont entraîné la mort.
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