Infections de l'enfant en ambulatoire

L’antibiogramme pour les nuls en pédiatrie

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Publié le 02/12/2019
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En médecine de ville, les examens microbiologiques sont souvent peu contributifs, mais lorsqu’une bactérie est isolée, l’analyse de l’antibiogramme doit être stricte. Mais cela ne suffit pas, d'autres paramètres sont à prendre en compte
Chez l’enfant, les bactéries retrouvées sont classiquement E. Coli et autres entérobactéries dans les urines

Chez l’enfant, les bactéries retrouvées sont classiquement E. Coli et autres entérobactéries dans les urines
Crédit photo : Phanie

Chez l’enfant, les bactéries retrouvées sont classiquement E. Coli et autres entérobactéries dans les urines, Shigella, Campylobacter, salmonelles dans les coprocultures, S. Aureus et streptocoques du groupe A (SGA) dans les prélèvements cutanés et H.Influenzae, SGA ou pneumocoque dans les otorrhées.

• E. Coli est résistant à l’amoxicilline dans 50 % des cas ; vis-à-vis de l’association amoxicilline + acide clavulanique (amox/clav), le caractère sensible ou résistant dépend de la situation clinique : pour une cystite, on considère la souche sensible jusqu’à 32 de concentration minimale inhibitrice (CMI), pour les pyélonéphrites et infections systémiques, on exige une CMI ≤ 8. Les E.Coli BLSE (βlactamases à spectre élargi) résistent à la céfixime, la ceftriaxone et de nombreuses βlactamines sauf les pénèmes, la céfoxitine, la témocilline, l’association pipéracilline + tazobactam et l’association céfixime + amox/clav (sensibilité dans plus de 90 % des cas). Elles sont aussi résistantes au cotrimoxazole, fluoroquinolones et gentamicine.

– Les shigelles sont sensibles à la ceftriaxone, à la ciprofloxacine, au cotrimoxazole, mais aussi à l’azithromycine, alors que les macrolides ne sont pas réputés pour être efficaces sur les Gram-, mais sa concentration dans le tube digestif est très au-dessus de la CMI. 

– Le Campylobacter ne nécessite un antibiotique que si l’infection est à son début et reste symptomatique. L’ampicilline n’a pas d’indication sur une infection digestive. On recherche une sensibilité à l’érythromycine, qui s’étend aux autres macrolides, et à la ciprofloxacine ; de plus en plus de souches sont résistantes aux fluoroquinolones.

– Dans les salmonelloses, un antibiotique n’est généralement pas nécessaire. Sinon on vérifiera la sensibilité au ceftriaxone, à la ciprofloxacine (à n’utiliser que si la souche est sensible à l’acide nalidixique), au cotrimoxazole et à l’azithromycine si la CMI est ≤ 16.

– Les S. Aureus sont pour 95 % résistants à la pénicilline G et à l’amoxicilline ; la sensibilité à l’oxacilline s’étend aux autres βlactamines, à amox/clav et aux céphalosporines de première génération (C1G). La résistance à l’érythromycine est valable pour tous les macrolides, avec une sensibilité douteuse à la clindamycine même si elle apparaît sensible sur l’antibiogramme. Ils sont souvent sensibles à la pristinamycine (mais avec une efficacité clinique très inégale), au cotrimoxazole, ainsi qu’à l’acide fucidique et la rifamycine mais jamais en monothérapie pour ces derniers.

– Pour l’H. Influenzae, les macrolides n’ont aucun intérêt. Si la souche est βlactamase +, elle n'est pas sensible à l’amoxicilline mais à l’amox/clav et aux céphalosporines de troisième génération (C3G). Les souches BLNAR (β-lactamase négative ampicilline résistant) ont une sensibilité diminuée à amox/clav, aux C1G et céphalosporines de deuxième génération (C2G) mais les CG3 et la ceftriaxone restent souvent actives. Elles sont toujours sensibles à la ciprofloxacine et le cotrimoxazole peut être utile en cas de sensibilité.

Toutes les souches de streptocoques du groupe A sont sensibles aux βlactamines.

Pour le pneumocoque, il faut regarder en premier la sensibilité à l’oxacilline ; en cas de résistance, la sensibilité aux βlactamines est diminuée de façon inégale. Il faut vérifier la CMI de la ceftriaxone et de l’amoxicilline, qui est ≤ 0,5 per os pour la dose standard européenne, mais pas pour la dose usuelle, en France.
Chez nous, le pneumocoque est considéré comme sensible si la CMI est ≤ 2  !

23 e Journée de Pathologie infectieuse pédiatrique ambulatoire, le 12 octobre 2019
Guide pour la détermination de la sensibilité des bactéries aux antibiotiques 2019, CA-SFM/EUCAST (Comité de l’antibiogramme- Société française de microbiologie/European Committee on Antimicrobial Susceptibility Testing), https://www.sfm-microbiologie.org/2019/01/07/casfm-eucast-2019/

Dr Maia Bovard-Gouffrant

Source : Le Quotidien du médecin