LE QUOTIDIEN : Comment a été mis en place le centre de vaccination des professionnels de santé au CH de Versailles ?
Dr FARAHNA SAMDJEE : Le centre de vaccination spécifiquement destiné dans un premier temps aux professionnels de santé de plus de 50 ans hospitaliers et libéraux éligibles au vaccin à ARN a ouvert le 4 janvier 2021. Les deux premiers jours – qui correspondaient à la fin des vacances scolaires - ont été centrés sur la mise en place des process (vaccination, rendez-vous, suivi médical…) et la communication auprès des professionnels de santé éligibles. Une fois cette étape accomplie, la fréquentation du centre a été particulièrement importante car cette structure était très attendue. Les premiers jours, certains professionnels libéraux et quelques hospitaliers se sont présentés sans rendez-vous : nous avons fait notre possible pour les vacciner dans la mesure des doses disponibles.
Les soignants étaient-ils particulièrement en recherche d’informations sur ces nouveaux vaccins à ARN ?
Nous avions choisi de désamorcer les interrogations en proposant une foire aux questions accessible à l’entrée du centre. Pendant qu’ils faisaient la queue, ils pouvaient déjà trouver certaines informations dans le fascicule distribué qui comprenaient des réponses générales aux questions sur les vaccins à ARN.
Nous avons aussi insisté sur la médicalisation du centre : le premier accueil est effectué par des médecins qui sont là pour répondre aux questions et lever les craintes. Ce dialogue est indispensable. De fait, personne d’éligible n’est reparti sans accepter le vaccin après cette première étape.
Les vaccins à adénovirus qui sont arrivés dans un deuxième temps ont-ils donné lieu à autant d’interrogations ?
Les vaccins à adénovirus étaient particulièrement attendus par les soignants de moins de 50 ans qui sont aussi en première ligne dans la prise en charge des patients. Notre pays a fait le choix de vacciner cette catégorie professionnelle dans un deuxième temps. Dès que ces vaccinations ont été ouvertes, les plus jeunes se sont vaccinés en masse. Initialement, les médecins du centre ont moins été sollicités pour répondre à des interrogations sur les effets secondaires de ce type de vaccin puisqu’il s’agit de techniques vaccinales déjà utilisées. Ce n’est qu’aux premiers retours d’effets secondaires – relativement fréquents et décrits dans les essais cliniques – que les soignants ont posé plus de questions.
Désormais, certains soignants demandent de pouvoir faire le choix de leur vaccin. Mais malheureusement aucun choix n’est possible puisque les doses sont comptées : toute la population âgée ou fragile n’a pas été encore vaccinée par un vaccin ARN, qui est le plus efficace chez ces personnes. On ne donne donc pas le choix aux soignants. Le vaccin adénovirus n’est pas un vaccin de moins bonne qualité ou un vaccin au rabais, c’est un vaccin adapté à une autre cible de population. Il donne de très bons résultats pour un vaccin classique.
Quels ont été les retours de pharmacovigilance à ce jour ?
La plupart des retours font état de syndromes grippaux. On note aussi quelques cas atypiques : adénopathies, voire des paralysies faciales. Rien de grave. Nous avons été surpris par le peu de remontées après la phase de vaccination ARN. Les effets sont plus marqués avec les vaccins à adénovirus en particulier chez les jeunes (dont le système immunitaire est particulièrement fonctionnel) et les personnes qui avaient déjà été infectées.
C’est pour cette raison que nous avons réorganisé notre stratégie vaccinale à l’hôpital. Désormais, nous ne vaccinons plus tous les soignants d’un même service en même temps afin de limiter les risques d’absentéisme groupés dans les jours qui suivent la vaccination. Nous leur donnons des conseils de repos, nous adaptons le choix de dates de vaccination. C’est une chance pour tous les soignants d’avoir disposé aussi vite de vaccins efficaces. Il convient de les faire au bon moment. La crainte des effets indésirables vaccinaux – qui surviennent avec tous les vaccins – ne doit pas constituer un frein à la vaccination des soignants. Nous devons les accompagner au mieux pour leur permettre de se vacciner sans désorganiser les soins.
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