Deux cas de résistance très précoce

MÊME SI l’oseltamivir est prescrit pour une courte durée, des souches A(H1N1)v résistantes sont susceptibles de se développer. Deux cas chez des patients immunodéprimés viennent en effet d’être rapportés après moins de 15 jours d’oseltamivir, 9 jours pour l’un, 14 pour l’autre, indique le National Institutes of Health (NIH). La mutation responsable H275Y, déjà décrite cet hiver, semble de plus diminuer la sensibilité à un autre antiviral en cours de développement, le péramivir intraveineux. « C’est une nouvelle donnée à intégrer dans les stratégies de traitement des formes graves », explique le Dr Matthews Memoli, l’un des auteurs de la publication. En effet, le seul autre inhibiteur de la neuraminidase actif sur le virus A(H1N1)v, le zanamivir, est administré par voie inhalée, qui est inutilisable chez les patients ventilés.

« Même si l’émergence de résistance aux antiviraux n’est pas surprenante en soi, ces cas cliniques illustrent que des souches résistantes peuvent émerger après un traitement de courte durée, souligne le directeur du NIH américain. Il est urgent de développer de nouvelles molécules antivirales ». Alors que le virus A(H1N1)v n’est sensible qu’aux inhibiteurs de la neuraminidase, le premier cas de résistance au péramivir, un antiviral par voie intraveineuse encore à l’essai, a été décrit chez l’un des deux patients.

Si des souches portant la mutation H275Y ont été décrites cet hiver chez des patients ayant un déficit immunitaire, son apparition n’avait été constatée qu’après 24 jours de traitement continu. « Bien que la durée recommandée de traitement soit de 5 jours, il est habituel que les médecins renouvellent la première ligne de traitement, même en l’absence d’amélioration clinique », souligne le Dr Memoli. Dans les deux cas rapportés, l’oseltamivir avait été ainsi poursuivi jusqu’au 24e jour malgré l’aggravation clinique. Le péramivir a ensuite été donnée pendant 10 jours. L’un d’eux ayant développé une résistance au péramivir ne s’est amélioré qu’après inhalations de zanamivir.

Clinical Infectious Diseases, publication en ligne.