Des chercheurs de l’Institut Pasteur (Phnom Penh, Paris) et du CNRS publient dans les « PNAS » (Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America) les résultats d’une étude menée au Cambodge en 2012 et 2013, qui démontre la possible transmission du virus de la dengue aux moustiques par des personnes infectées restées asymptomatiques.
Le virus de la dengue, dont il existe 4 sérotypes : DENV1 à DENV4, serait responsable de 390 millions d’infections par an. Parmi les personnes infectées, trois quarts restent pauci- ou asymptomatiques, échappant ainsi à la surveillance mise en place dans les zones endémiques.
Jusqu’à présent, ces personnes étaient considérées comme des « impasses » dans la chaîne de transmission de l’infection, ne présentant a priori pas des virémies suffisantes pour infecter le mousqtique Ædes en cas de piqûre. Toutefois les études sur la transmission du virus de l’humain infecté au moustique (étape clé de la propagation de la maladie) restent rares.
La virémie n’explique pas tout
Veasna Duong et col. se sont donc intéressés à la compréhension des déterminants du potentiel infectant des humains pour les moustiques en fonction du caractère symptomatique ou non de l’infection.
L’analyse des résultats observés chez les 181 sujets inclus montre que contrairement à ce qui était envisagé, les patients asymptomatiques, ou pas encore symptomatiques (phase d’incubation) peuvent transmettre le virus aux moustiques.
Si les auteurs confirment que le niveau de virémie (plus élevé chez les patients symptomatiques) est l’un des déterminants principaux du potentiel infectant, ils montrent qu’à virémie égale, les sujets asymptomatiques ou présymptomatiques sont significativement plus infectants pour Ædes que les sujets symptomatiques.
Les premiers, plus exposés aux piqûres que les personnes malades (confinées à l’hôpital ou à domicile), pourraient donc représenter un lit important et méconnu de la dissémination de l’infection.
Différentes pistes de réflexion sont proposées pour expliquer ces résultats : le reflet imparfait de la quantité de particules virales infectantes par la virémie sanguine, ou le rôle de la réponse immune de l’hôte (comme le suggère la corrélation retrouvée entre un fort taux d’IgG chez des sujets immunisés et une infectiosité réduite).
Le potentiel infectant avéré des patients en phase présymptomatique, ou restées asymptomatiques, a un impact sur les estimations des taux de transmission, comme l’explique V. Duong, modifiant de fait la modélisation des calculs de couverture vaccinale. Cela renforce donc pour les auteurs l’importance de la prise en compte de la phase d’infectiosité et non plus seulement de la phase symptomatique dans la prise en charge précoce des épidémies de dengue.
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