L’incidence de l’infection à chlamydia est en forte augmentation en France. Elle est passée de 257 cas pour 100 000 habitants en 2012 à 491 cas pour 100 000 cas en 2016, avec une prévalence qui varie selon les sites de dépistage. Elle serait de 3 à 5 % dans la population générale, de 10 à 12 % dans les Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) et d’environ 20 % dans les centres d’orthogénie. Des données épidémiologiques qui restent préoccupantes même si l’élargissement du dépistage explique peut-être en partie cette flambée.
Actualisation des recommandations
Pour le Dr Bertille de Barbeyrac, du Centre national de référence des IST bactériennes, il est important de rappeler que le risque de contamination démarre très tôt dans la vie, dès le premier rapport sexuel (vers l’âge de 17 ans en moyenne en France). Cette infection est asymptomatique dans 90 % des cas chez la femme et dans 50 % des cas chez l’homme. Si elle est « ignorée », les retentissements peuvent être sévères (salpingite) voire irréversibles (hypofertilité, stérilité tubaire) chez la femme. Pourtant, la prise en charge thérapeutique qui fait consensus est simple. Elle consiste en une prise unique d’azithromycine (1 gramme) ou en 7 jours de traitement par doxycycline. Et à ce jour, aucune résistance acquise à l’azithromycine n’a été documentée.
C’est dans ce contexte épidémiologique préoccupant qu’en octobre 2018, la HAS a actualisé les recommandations sur le dépistage des infections à chlamydia. Plusieurs lignes de conduite ont été proposées pour limiter la propagation de l’infection et réduire le risque de complications sévères. La principale concerne le dépistage opportuniste ciblé pour les hommes (quel que soit l’âge) et les femmes (de plus de 25 ans) présentant des facteurs de risque ainsi que pour les femmes enceintes (sans limite d’âge) consultant pour IVG. À cela s’ajoute le dépistage opportuniste systématique des jeunes femmes qui ne se limite plus à la tranche d’âge 18-25 ans (recommandations de 2003) mais peut être réalisé entre 15 et 25 ans.
Les facteurs de risque tels que définis dans le texte concernent le multipartenariat (au moins 2 partenaires dans l’année), le changement de partenaire récent, les partenaires diagnostiqués avec une autre IST, les antécédents d’IST, les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH), les personnes en situation de prostitution ou après un viol.
Extension, suivi de l'infection…
Autre point fort de ces recommandations, l’autorisation donnée aux gynécologues, médecins généralistes et sages-femmes de proposer ce dépistage. Cette extension devrait le rendre plus accessible. Une proposition qui, comme le souhaite la HAS, doit être accompagnée d’une offre de formation à ces différentes catégories professionnelles.
La réévaluation de la stratégie de dépistage a également inclus un nouveau critère : le suivi de l’infection à chlamydia. Il est incontournable pour atteindre les objectifs. Chez les personnes positives, la HAS préconise d’effectuer un test de non-recontamination après 3 à 4 mois puis de le réaliser chaque année pour confirmer sa négativité. Le traitement du partenaire est fondamental si l’on veut enrayer la chaîne de transmission. Le suivi de ce dernier demeure une préoccupation majeure dans le contexte de partenaire occasionnel.
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