Les recherches en cours portent sur la mise au point de nouvelles technologies vaccinales et le développement de nouveaux adjuvants mais également sur de nouvelles stratégies comme la vaccination de la femme enceinte pour protéger le nourrisson, la protection des personnes fragiles (immunodéprimés, sujets âgés) et la prévention des infections liées aux soins.
Vecteurs recombinants, vaccins chimériques et vaccinologie inverse
L’utilisation de vecteurs recombinants, provenant d’un virus ou d’une bactérie peu ou pas pathogène pour l’homme, modifié génétiquement pour accueillir l’ADN ou l’ARN d’un autre organisme a permis la mise au point rapide d’un vaccin Ebola dont l’efficacité est proche de 100 % (1). Un vaccin contre la dengue (Dengvaxia) a été mis au point en utilisant la technique des vaccins chimériques, technologie consistant à insérer les gènes d’intérêt dans le génome d’une souche vaccinale efficace (vaccin vivant atténué recombinant chimérique basé sur le vaccin fièvre jaune 17D et exprimant les gènes d'enveloppe des quatre sérotypes du virus de la dengue [2]). La technique de vaccinologie inverse permettant d’identifier au sein du génome de la bactérie les gènes susceptibles de coder pour une protéine de membrane immunisante et conservée entre les espèces a permis la mise à disposition d’un vaccin contre les infections invasives à méningocoque B, (Bexsero [3]).
Recherche de nouveaux adjuvants
La mise au point de nouveaux adjuvants fait l’objet de nombreux travaux. L’adjuvant, administré avec l’antigène vaccinal, permet d’augmenter ou d’orienter la réponse immunitaire induite en fonction des micro-organismes visés. Les adjuvants permettent d’augmenter la réponse innée au site de l’injection et la réponse spécifique. Pendant très longtemps l’aluminium était le seul adjuvant disponible. Plus récemment des adjuvants lipidiques ont été introduits (par exemple, les vaccins développés contre les infections à HPV, Cervarix, ou contre le zona, Shingelrix qui sera disponible prochainement [4]).
Réduire le risque infectieux
Immuniser la femme enceinte permet de la protéger (vaccin contre la grippe) mais également de protéger le nouveau-né et le jeune nourrisson grâce au transfert transplacentaire des anticorps maternels (vaccins contre la grippe, la coqueluche[5]). Deux vaccins visant à immuniser la femme enceinte pour protéger le nouveau-né sont en développement clinique : un vaccin contre les infections par le virus respiratoire syncytial (VRS) et un vaccin contre les infections à streptocoques du groupe B.
Le vieillissement de la population et le nombre croissant de personnes immunodéprimées (déficits immunitaires primitifs mais surtout secondaires) nécessitent de pouvoir proposer des stratégies de vaccination plus immunogènes avec les vaccins existants (vaccins hépatite et grippe) et le développement de nouveaux vaccins afin de réduire leur risque infectieux. Un vaccin grippe « high dose » dont le dosage des virus grippaux est quatre fois plus élevé que dans le vaccin classique (60 microgrammes vs 15) est actuellement disponible en Amérique du nord pour la vaccination des plus des 65 ans (6). Le vaccin zona actuellement disponible, le Zostavax, a été développé pour limiter le risque de survenue de la maladie et ses conséquences chez les personnes de plus de 50 ans. Cependant il s’agit d’un vaccin vivant atténué qui ne peut être utilisé chez les personnes immunodéprimées en raison du risque de maladie vaccinale. Deux autres vaccins pourront être utilisés dans ce cadre, un vaccin inactivé dont le développement est en cours et le vaccin sous unitaire adjuvanté, Shingelrix.
Des vaccins en développement...
Des vaccins déjà disponibles (grippe, hépatite B, coqueluche…) permettent de réduire le risque des infections liées aux soins et doivent être mieux utilisés. D’autres vaccins sont en cours de développement. On peut citer le développement de vaccins contre C. difficile dont l’incidence a augmenté au cours des dix dernières années (7). Des vaccins visant à prévenir les infections par Staphylococcus aureus sont également en cours d’évaluation chez des patients devant bénéficier d’une intervention chirurgicale. Enfin on peut citer le développement de vaccins visant à prévenir la survenue d’infections à bactéries Gram négatif comme Pseudomonas aeruginosa ou Escherichia coli (8).
En conclusion, la mise au point de nouveaux vaccins, l’amélioration de ceux existants, la protection des personnes les plus fragiles et la réponse aux infections émergentes représentent des enjeux majeurs en termes de santé publique, lutte contre les infections et réduction des résistances aux anti-infectieux. Restera à convaincre la population de l’intérêt de se vacciner !
Université Paris Descartes, Sorbonne Paris ; Inserm, CIC 1417 et F-CRIN I-REIVAC ; AP-HP, Fédération d’infectiologie, hôpital Cochin, Paris
(1) Henao-Restrepo AM, Camacho A, Longini IM, et al. Efficacy and effectiveness of an rVSV-vectoredvaccine in preventing Ebola virus disease : final results from the Guinea ring vaccination, open-label, cluster-randomised trial (Ebola Ça Suffit !).Lancet 2017;389(10068):505-18
(2) Hadinegoro SR, Arredondo-García JL, Capeding MR, et al. Efficacy and Long-Term Safety of a Dengue Vaccine in Regions of Endemic Disease. N Engl J Med 2015;373(13):1195-206
(3) Vesikari T, Esposito S, Prymula R, et al. Immunogenicity and safety of an investigational multicomponent, recombinant, meningococcal serogroup B vaccine (4CMenB) administered concomitantly with routine infant and child vaccinations : results of two randomised trials.Lancet 2013 Mar 9;381(9869):825-35
(4) Cunningham AL, Lal H, Kovac M, et al. Efficacy of the Herpes Zoster Subunit Vaccine in Adults 70 Years of Age or Older. N Engl J Med 2016;375(11):1019-32
(5) Lindsey B, Kampmann B, Jones C. Maternal immunization as a strategy to decrease susceptibility to infection in newborn infants. Curr Opin Infect Dis 2013;26:248-53
(6) DiazGranados CA, Dunning AJ, Kimmel M, Kirby D, Treanor J, Collins A, et al. Efficacy of high-dose versus standard-dose influenza vaccine in older adults. N Engl J Med 2014;371(7):635-45
(7) Ghose C, Kelly CP. The Prospect for Vaccines to Prevent Clostridium difficile Infection. Infect. Dis. Clin. North Am 2015;29:145-62
(8) Vincent J-L. Vaccine development and passive immunization for Pseudomonas aeruginosa in critically ill patients : a clinical update. Future Microbiol 2014;9(4):457-63
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024