Covid et bithérapie d'anticorps monoclonaux : de nouveaux résultats aussi bien en curatif qu'en préventif

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Publié le 01/10/2021
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Crédit photo : PHANIE

Peu de traitements ont fait leurs preuves dans le Covid. Parmi les plus prometteurs figurent les anticorps monoclonaux, conçus pour cibler la protéine Spike du SARS-CoV-2. La bithérapie développée par Roche et Regeneron, commercialisée sous le nom de Ronapreve, est d'ores et déjà utilisée en France dans le cadre d'autorisations spéciales. Et de récents résultats confirment son intérêt.

Ce « cocktail » - qui avait été mis sous le feu des projecteurs en octobre 2020 alors que le président américain Donald Trump en avait reçu - associe le casirivimab et l’imdevimab qui se lient de manière non compétitive au domaine de liaison au récepteur (RBD) de la protéine Spike du virus. Actuellement, le Ronapreve est disponible en accès précoce à la fois en curatif - pour les patients hospitalisés ou non - et en préventif chez les personnes à risque non répondeuses à la vaccination (patients séronégatifs).

En prophylaxie pré-exposition pour les non-répondeurs à la vaccination

Dès le 15 mars, le Ronapreve a ainsi bénéficié d'une autorisation temporaire d'utilisation de cohorte (ATUc) pour traiter des patients adultes atteints de forme légère à modérée de Covid mais à risque élevé de développer une forme grave. Le 11 juin, les indications ont été élargies pour s'étendre aux situations suivantes : enfants âgés de 12 ans et plus à risque élevé de développer une forme grave notamment en raison d’une immunodépression sévère ; patients présentant une pathologie chronique (dès 12 ans) ; patients ayant une infection par le VIH non contrôlée ou au stade sida.

La bithérapie a ensuite été autorisée en prophylaxie le 4 août. En post-exposition (cas contact), elle est dès lors indiquée chez les patients de 12 ans et plus qui ne répondent pas de manière satisfaisante à la vaccination en raison d'une immunodépression et qui sont considérés à très haut risque de forme sévère de Covid (comme les receveurs de greffes d’organes solides). Le Ronapreve peut aussi être administré en prophylaxie pré-exposition pour cette même population de patients. Néanmoins, en pratique, l'accès à ce traitement dans cette indication pose problème, notamment du fait de la logistique qu'il nécessite avec des injections mensuelles en hôpital de jour.

Enfin, depuis le 3 septembre, l'utilisation de Ronapreve a été élargie aux patients hospitalisés pour Covid nécessitant une oxygénothérapie non invasive et qui n’ont pas développé naturellement d'anticorps. Il s'agit de patients immunodéprimés, à risque de complications liées à des comorbidités, de patients âgés de 80 ans et plus qui sont à risque élevé de forme grave.

Des bénéfices en ambulatoire et à l'hôpital

Les nouveaux résultats d'un essai adaptatif de phase 3 sont parus ce 29 septembre dans le « New England Journal of Medicine » et confirment l'intérêt du traitement en ambulatoire. Deux doses ont été évaluées - 1 200 mg et 2 400 mg - et ont été comparées à un placebo chez des patients Covid-19 présentant des facteurs de risque de forme sévère.

Sur une période de 28 jours après le traitement, 1,3 % des patients traités avec la plus forte dose (18/1 355) ont été hospitalisés ou sont décédés du Covid contre 4,6 % des patients du groupe placebo randomisés de façon concomitante (62/1 341). Ces événements sont survenus chez 1 % des patients ayant reçu la dose la plus faible (7/736) contre 3,2 % des patients sous placebo (24/748). Les deux doses ont par ailleurs permis de réduire la charge virale plus rapidement que le placebo.

En parallèle, le laboratoire Roche vient de communiquer des résultats de phase 2/3, portant cette fois sur 1 197 patients hospitalisés mais qui ne requièrent pas d'oxygène à haut débit ou pas d'oxygène supplémentaire. Les patients ont reçu une dose de 8 000 mg de Ronapreve, une dose de 2 400 mg ou bien un placebo. De manière cohérente avec l'étude britannique Recovery, les résultats rapportés par Roche font état d'une amélioration de tous les critères cliniques évalués, quelle que soit la dose. De plus, Ronapreve réduit significativement la charge virale dans les sept jours suivant le traitement chez des patients atteints de Covid mais séronégatifs. Les résultats seront présentés ce week-end lors du congrès IDWeek sur les maladies infectieuses.

En prophylaxie post-exposition

Enfin, une autre étude parue le 23 septembre dans le « NEJM » montre l'intérêt du Ronapreve en prophylaxie post-exposition. Les participants inclus (≥ 12 ans) ont été en contact au sein de leur foyer avec une personne ayant eu un Covid confirmé dans les 96 heures. Ils ont reçu une dose de 1 200 mg de Ronapreve ou bien un placebo. Le Ronapreve a permis de limiter les infections : seules 1,5 % des 753 participants sous traitement ont été infectés par rapport à 7,8 % des 752 du groupe placebo. Et chez les personnes qui ont été infectées, la durée de la maladie symptomatique était réduite par rapport au placebo, tout comme la charge virale qui a baissé plus rapidement.

Une autre bithérapie associant le bamlanivimab et l'étésevimab (laboratoire Lilly France) avait également bénéficié d'une ATUc en mars. Néanmoins, « cette combinaison n'est plus utilisée, car le bamlanivimab n'est pas actif sur le variant Delta », expliquait la Pr Anne-Geneviève Marcelin, professeure de virologie au sein de Sorbonne Université et cheffe du service virologie de l’hôpital Pitié-Salpêtrière AP-HP, lors d'un point presse de l'ANRS-MIE.


Source : lequotidiendumedecin.fr