Le décubitus ventral précoce et prolongé (au moins 12 heures/jour) permet d'améliorer l'oxygénation et de diminuer la mortalité chez les patients intubés. La technique permettrait-elle aussi d'éviter l'intubation chez les patients non sédatés infectés par la Covid-19 ? Cette stratégie, qui permettrait de soulager les unités de soins intensifs sursollicitées par l'épidémie, fait l'objet de deux petites séries dans le « JAMA Network ».
La première rapporte l'expérience du centre hospitalier d'Aix-en-Provence chez 24 patients en détresse respiratoire hypoxémiante et infiltrats pulmonaires au TDM. Si près des deux tiers (63%, n=15) ont toléré le décubitus ventral pendant plus de trois heures, l'oxygénation ne s'est améliorée que chez un quart (n=6) et ne s'est pas maintenue chez la moitié après remise en décubitus dorsal.
Quant à la seconde, l'étude menée à l'Institut scientifique San Raffaele a inclus 15 patients sous ventilation non invasive (VNI) hors unités de soins intensifs et depuis en médiane 5 jours. Il s'agissait d'une étude transversale où les paramètres respiratoires étaient mesurés à 3 temps : avant la VNI, durant la VNI en pronation (à 60 minutes) et 60 minutes après la fin de la VNI. Le jour de l'étude, les patients suivaient en médiane deux sessions de 3 heures de décubitus ventral. L'oxygénation et la fréquence respiratoire se sont améliorées pendant la pronation et le restaient 1 heure après la session de VNI en décubitus ventral.
Tolérance, effets physiologiques, très courtes sessions
De ces deux publications, il ressort que beaucoup de patients, mais pas tous, ont toléré la position en étant éveillés, en respiration spontanée ou avec VNI. Si une amélioration a pu être constatée lors de la position, « les effets étaient transitoires et la fréquence respiratoire et l'oxygénation revenaient souvent à la normale après retour à la supination », notent dans un éditorial Irene Telias et al de l'hôpital Saint Michael à Toronto (Canada).
Si la technique pourrait devenir une intervention thérapeutique, plusieurs éléments sont à clarifier, selon eux : la tolérance, les effets physiologiques et les bénéfices attendus de très courtes sessions. Dans l'attente d'essais plus larges, deux étant en cours, ils rappellent que « les médecins doivent surveiller de façon étroite les patients en décubitus ventral pour la tolérance et la réponse afin d'éviter de retarder une intubation et une ventilation mécanique devenues nécessaires ».
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