Suivant l'avis de l'Agence du médicament (ANSM), la Haute Autorité de santé (HAS) autorise l'accès précoce au Paxlovid pour le traitement curatif des adultes atteints de Covid-19 ne nécessitant pas d'oxygénothérapie et à haut risque de forme grave. L'ANSM avait conclu, à partir des données précliniques et cliniques disponibles, à un rapport bénéfice/risque présumé favorable dans cette indication.
Le Paxlovid, commercialisé par le laboratoire Pfizer, associe le nirmatrelvir (PF-07321332) et le ritonavir. Il bloque l'action de la protéase 3C-like, nécessaire à la réplication du virus. Pour accompagner sa mise à disposition en médecine de ville, prévue fin janvier, la HAS a publié des réponses rapides. Il s'agit du premier antiviral anti-Sars-CoV-2 qui pourra être prescrit par les médecins généralistes.
Réduction du risque de forme grave de plus de 85 %
D'après les données de l'étude Epic-HR, ce traitement entraîne une réduction du risque de progression vers une forme sévère de Covid (hospitalisation ou décès) d'environ 85,2 %. De plus, la HAS estime que « le mécanisme d'action du Paxlovid laisse espérer une efficacité maintenue sur les différents variants, y compris Omicron », évoquant des données préliminaires in vitro.
Le Paxlovid comprend deux comprimés de nirmatrelvir et un de ritonavir à prendre par voie orale deux fois par jour pendant cinq jours. Il est à administrer le plus tôt possible et au plus tard dans les cinq jours suivant le début des symptômes. Sa présentation sous forme orale devrait faciliter son accessibilité en ville.
En pratique et en cas de non-contre-indication, le Paxlovid peut être prescrit aux patients adultes sévèrement immunodéprimés ou présentant une pathologie à très haut risque de forme grave quels que soient l'âge et le statut vaccinal, ainsi qu'aux patients de plus de 65 ans présentant des facteurs de risque de forme grave, en particulier quand ces personnes ne sont pas ou pas complètement vaccinées.
La HAS précise que le Paxlovid est contre-indiqué chez les personnes avec une insuffisance hépatique sévère ou une insuffisance rénale sévère. De plus, une adaptation de la posologie est nécessaire chez ceux qui présentent une insuffisance rénale modérée. La HAS déconseille son recours lors de la grossesse.
Attention aux interactions médicamenteuses
La Haute Autorité met aussi en garde contre les interactions médicamenteuses pour les patients qui prennent d'autres médicaments. Les traitements en cours pourront être interrompus ou adaptés quand c'est possible en cas de contre-indication du Paxlovid. « C'est au médecin qu'il revient d'apprécier avec son patient les contre-indications médicamenteuses à l'utilisation de Paxlovid. Ces interactions nécessitent la mise en place d'un suivi rapproché », souligne la HAS, qui souhaite « la rapide mise à disposition des prescripteurs d'un outil pratique d'aide à la prescription ».
Si toutefois, le Paxlovid ne pouvait être prescrit, le recours à l'anticorps monoclonal Xevudy (sotrovimab, GSK) est possible. La HAS précise que la bithérapie d'anticorps monoclonaux Evusheld (tixagévimab/cilgavimab, AstraZeneca) doit par ailleurs être proposée en prophylaxie pré-exposition aux patients éligibles.
Comme pour le Xevudy, la Haute Autorité préconise la mise en place d'une cohorte de suivi pour le Paxlovid afin « d'évaluer l'efficacité immuno-virologique et clinique dans divers groupes de patients et de suivre le risque d'émergence de résistances potentielles, notamment chez les patients immunodéprimés », et souhaite que le traitement soit évalué en association avec d'autres.
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