Selon deux études présentées en session plénière de la Conférence internationale sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI) qui se déroule en ligne jusqu'au 11 mars, les anticorps monoclonaux sont utiles en prophylaxie post-exposition pour prévenir le risque d'infection par le SARS-CoV-2.
Les premières données présentées lors du congrès sont celles de BLAZE-3 testant le bamlanivimab commercialisé par Lilly et qui dipose d'une autorisation temporaire d'utilisation (ATU) en France depuis le 22 février. Cette étude de phase 3 a été menée dans des maisons de retraite ayant au moins un cas de Covid-19 confirmé. Les chercheurs ont recruté 966 pensionnaires et membres du personnel, tous étaient des cas contacts depuis moins de 7 jours avant de recevoir 4200 mg de bamlanivimab par voie intraveineuse ou un placebo. Chaque participant a bénéficié d'un test PCR par semaine au cours des 57 jours de suivi.
Une réduction de 80% du nombre d'infections
Le risque de présenter des symptômes sévères liés à une infection par le SARS-CoV-2 était diminué de 80% dans le groupe banlanivimab comparé au groupe placebo. Le risque de symptômes modérés était également réduit de 80%, tandis que le risque total d'infection, y compris asymptomatique, l'était de 73%.
Sur les 16 décès survenus chez les participant de l'étude, cinq étaient attribuables au Covid-19 et tous étaient enregistrés dans le groupe placebo. « Bien sûr, il ne s'agit que de résultats portant sur un seul anticorps monoclonal, le premier a être arrivé sur le marché », explique le Pr Myron Cohen, de l'université de Caroline du Nord qui a présenté ces résultats. « Nous pouvons espérer d'autres résultats avec ceux qui sont en développement », espère-t-il.
Une deuxième étude a, quant à elle, fourni des résultats intermédiaires sur l'utilisation conjointe des anticorps monoclonaux casirivimab et imdevimab (développés par Regeneron) ciblant deux régions différentes de la protéine Spike, pour prévenir une infection par le SARS-CoV-2 chez des membres séronégatifs d'un foyer où un cas d'infection a été confirmé. Les données présentées à la CROI portent sur les 223 premiers patients sous placebo et les 186 premiers patients sous casirivimab/imdevimab. Le risque de contracter une infection, symptomatique ou asymptomatique, était réduit de 48% et la charge virale moyenne divisée par 100.
L'utilisation d'anticorps en prophylaxie est une approche présentée par ses promoteurs comme complémentaire de la vaccination et qui ne saurait être utilisée pour une prophylaxie pré-exposition. « Il y a une fenêtre de 96 heures à partir de l'exposition au virus, au cours de laquelle les anticorps peuvent être injectés », explique Meagan O'Brien, chercheuse chez Regeneron Pharmaceuticals et première autrice de l'étude.
Confirmation de l’efficacité en curatif
Pour sa part, le Dr Michael Dougan de l'hôpital général du Massachusetts a présenté les résultats de l'étude BLAZE-2 confirmant l’intérêt de l'utilisation d'une association de deux anticorps monoclonaux chez les cas confirmés, à savoir le bamlanivimab et l'etesevimab. Un total de 1035 patients a été randomisé entre un groupe banlanivimab /etesevimab et un groupe placebo. Au bout de 29 jours de suivi, 11 membres du groupe traité avaient été hospitalisés, contre 26 dans le groupe placebo. Il n'y avait aucun décès dans le groupe traité, contre 10 dans le groupe placebo. Par ailleurs, la durée de résolution des symptômes était plus courte dans le groupe banlanivimab/etesevimab. « La réduction des formes graves et des décès est très similaire à ce qui est observé dans les études sur l'utilisation prophylactique de cette association d'anticorps », souligne le Dr Dougan.
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