L'Oise est l'un des premiers départements français à avoir fait l'expérience d'une circulation importante du SARS-CoV-2. C'est là que les trois premiers cas français ont été identifiés le 24 janvier, de même que les premiers cas hospitalisés et le premier décès français, un professeur du Lycée de Crépy-en-Valois mort le 25 février sans lien épidémiologique avec la Chine où a démarré la pandémie.
À la suite de ce décès, des investigations épidémiologiques ont été menées au sein de cet établissement, auxquelles a participé l'Institut Pasteur qui a livré ce jeudi 23 avril les résultats de la première enquête sérologique menée dans un cluster de cas français. Et les conclusions sont importantes : avec seulement un quart des personnes fréquentant l'établissement ayant été infecté par le SARS-CoV-2, il en ressort que le taux d'attaque de l'infection Covid-19 est relativement faible, en dépit du fait que le virus a circulé librement. Cela pousse les chercheurs de Pasteur à conclure que « l'établissement d'une immunité de groupe va prendre du temps que la levée des mesures de confinement en France sera longue et complexe ».
L'immunité collective sera longue à obtenir
Comme l'explique le Pr Arnaud Fontanet, premier auteur de l’étude et responsable de l’unité Épidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur : « Dans l'ensemble, les résultats de cette étude ont des implications importantes pour les mesures de santé publique et le suivi de l’épidémie. Les taux d’attaque observés parmi les participants de l’étude suggèrent que l'immunité collective ne s'établira pas rapidement. De plus, d'autres régions de France, où le virus n'a pas encore circulé, sont quasiment naïves par rapport à ce virus. »
De telles enquêtes sérologiques permettent de mesurer le taux d'attaque de l'infection et le taux de cas asymptomatiques, deux informations déterminantes pour guider les politiques de santé publique. Pour mener à bien ses recherches, l'Institut Pasteur a développé ses propres tests sérologiques et a dû en éprouver la spécificité et la sensibilité.
Comment mettre au jour l'épidémie cachée
Entre le 30 mars et le 4 avril 2020, l'étude de cohorte rétrospective de l'Institut Pasteur a recruté 661 participants (élèves, parent d'élèves, professeurs et personnel non enseignant). Ces derniers ont répondu à un questionnaire dans lequel ils devaient reporter les symptômes tels que la fièvre ou des difficultés respiratoires. Un test sérologique a également été systématiquement pratiqué.
Des anticorps dirigés contre le SARS-CoV-2 ont été retrouvés chez 171 participants, soit un taux d'attaque de 25,9 % et un taux de létalité de 0 %. Plus précisément, parmi les personnes fréquentant le lycée, 41 % ont été infectées, alors que parmi leurs proches, le pourcentage est de 11 %. On dénombre par ailleurs neuf participants hospitalisés, soit un taux d'hospitalisation de 5,3 %.
Anosmie et agueusie, les deux symptômes les plus prédictifs
L'anosmie et l'agueusie étaient les deux symptômes qui avaient la meilleure valeur prédictive vis-à-vis de l'infection (84,7 et 88,1 %, respectivement). La faible morbidité dans cette population s'explique en partie par la relative jeunesse des participants : 37 ans d'âge moyen.
Il est à noter que les fumeurs avaient un taux d'attaque plus faible que les non-fumeurs (7,2 contre 28,0 %) et que le taux de patients asymptomatiques était de 17,0 %. Les auteurs estiment que ce chiffre représente certainement une sous-estimation, car certains symptômes des sujets infectés ont pu être dus à d’autres virus respiratoires qui circulaient à l’époque de l’étude. « Il est aujourd'hui difficile de savoir quelle est la proportion de patients asymptomatiques, explique le Pr Arnaud Fontanet. Les données des études réalisées la placent entre 20 et 40 %. »
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