MALGRÉ LA CAMPAGNE « les antibiotiques ce n’est pas automatique », qui a permis notamment de réduire de 15 % la prescription d’antibiotiques chez les enfants, le nombre des prescriptions d’antibiotiques, tant en milieu hospitalier que libéral, en France, demeure très élevée, trop élevée. Il est parfaitement établi qu’une surconsommation d’antibiotiques aboutit à l’émergence de souches résistantes parmi les bactéries responsables des infections courantes. Ainsi, à titre d’exemple, ces dernières années on a pu constater une augmentation très importante du taux des pneumocoques résistants aux bêtalactamines, de staphylocoques résistants à la méthicilline, d’Escherichia coli résistants aux aminopénicillines, aux fluoroquinolones… À cette situation réellement préoccupante s’ajoute un désintérêt envers la recherche en antibiothérapie de toutes les grandes firmes pharmaceutiques. Conséquence, on est de plus en plus confronté à des germes pathogènes résistants avec très peu de nouveaux antibiotiques. Promouvoir un bon usage des antibiotiques est donc un enjeu majeur.
Utilisation judicieuse.
L’utilisation judicieuse des antibiotiques est impérative. « Il faut utiliser le bon antibiotique à bon escient, à la bonne posologie, et pour le patient respecter la durée d’administration prescrite, » précise le Pr Dominique Peyramond.
La prescription d’antibiotiques doit être réservée à des situations cliniques où leur efficacité a été démontrée, en choisissant un antibiotique adapté, en utilisant tous les moyens disponibles. Pour exemple, « dans le traitement de l’angine, pathologie fréquente et banale, l’utilisation d’un test diagnostique précoce permet de traiter en fonction du résultat. Si le test négatif, c’est-à-dire une infection non bactérienne, la prescription d’antibiotique n’est pas recommandée, exception faite de la présence de facteurs de risque. Quand l’origine bactérienne est confirmée, le choix de l’antibiotique repose sur son efficacité prouvée dans des situations analogues et sur la prise en compte des résistances connues. Cette attitude de la part des prescripteurs, réduirait les prescriptions de plus de 50 % ». Les Recommandations de bonne pratique sur l’antibiothérapie en pratique courante élaborée par l’AFSSAPS pour le traitement des infections communautaires (80 % des causes de consultations en pratique de ville, tous âges confondus) sont un outil indispensable pour une prescription de qualité, « pour une prescription raisonnée et justifiée des antibiotiques, pour préserver leur efficacité dans le futur ».
Dose insuffisante ou de trop courte durée.
Quant à la durée nécessaire du traitement par antibiotiques, même si des incertitudes planent, il apparaît qu’un traitement antibiotique administré en dose insuffisante ou de trop courte durée engendre l’émergence de résistances, à la fois dangereuses pour l’individu mais également pour la société. L’observance est indispensable. Nombre de patients arrêtent leur traitement prescrit d’antibiotiques dès l’amélioration des symptômes, avant la guérison réelle de la maladie. Celle-ci peut redémarrer alors avec parfois plus de virulence. D’autres patients prennent de façon irrégulière le traitement prescrit, notamment lors de traitements de longues durées (cas des affections osseuses). En conséquence, la bactérie combattue va être en présence d’une concentration insuffisante d’antibiotiques qui « sera sub-inhibitrice, ne traitera pas, sélectionnera des résistances ». Une colonisation du patient par une flore résistante s’instaure, et de façon progressive une modification de l’écosystème nous entourant apparaît.
En conclusion, le Pr Peyramond souligne que « lors de la prescription d’une antibiothérapie, il faut expliquer au patient qu’un antibiotique nécessite un temps de contact suffisant pour être efficace et qu’il doit être pris à la dose et au temps, nécessaire. Un antibiotique n’est pas un anti-pyrétique ; la chute de la fièvre, n’est pas la fin de la maladie. Ces précisions sont à renouveler notamment lors des affections chroniques où la fièvre est inexistante, nécessitant de longs traitements ».
D’après un entretien avec le Pr Dominique Peyramond (hôpital de la Croix Rousse, Lyon).
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