« Il est très difficile, pour un médecin généraliste, d’avoir une vision réelle des complications liées à un zona chez un sujet âgé », indique le Pr Gaëtan Gavazzi, gériatre spécialisé en infectiologie au CHU de Grenoble.
Et pour cause : avec une incidence de 12 à 14 cas pour 10 000 habitants chez les plus de 70 ans, les médecins référents, qui ne voient que quelques cas de zona chaque année, ne peuvent avoir qu’une vision partielle de la maladie et, surtout, de ses conséquences chez les seniors.
Pourtant, au-delà de la pathologie, ce sont surtout les complications du zona qui posent problème chez ces patients : « elles sont à peu près les mêmes que chez un sujet jeune, mais leur incidence est 2 à 3 fois plus importante chez les plus de 50 ans du fait de l’immunosénescence et des comorbidités », fait remarquer le médecin. Notamment les douleurs post-zostériennes (DPZ) qui, à 3 mois, touchent environ 30 % des plus de 80 ans ayant fait un zona, et 10 à 15 % d’entre eux à 1 an. Et qui peuvent avoir un impact notable sur la santé des sujets âgés : « ces douleurs peuvent entraîner des décompensations des pathologies chroniques associées avec comme conséquences, une dépendance fonctionnelle voire l’apparition de troubles neurocognitifs chez ces patients », souligne le professionnel.
Efficace sur les complications
La vaccination contre le zona, bien qu’elle ne soit recommandée et remboursée par l’Assurance maladie, à hauteur de 30 %, que chez les 65-74 ans, reste donc le meilleur moyen de diminuer le risque d’apparition de la maladie et de ses complications chez les seniors. Selon le site vaccination-info-service, « elle diminue le risque de survenue de zona de 64 % chez les personnes âgées de 60 à 69 ans et de 38 % chez les plus de 70 ans ». Le vaccin réduit, par ailleurs, le risque de douleurs après zona de 66 %. « Il est capital de ne pas s’arrêter uniquement sur les données de réduction d’incidence du zona grâce au vaccin [notamment au-delà de 70 ans, NDLR], car 95 % des patients qui ont eu un zona vont avoir des douleurs qui vont durer de quelques jours à plusieurs mois, voire plusieurs années », insiste le Pr Gavazzi. « On est, certes, dans des efficacités qui sont loin d’être parfaites en termes de réduction d’incidence du zona, précise le gériatre, mais le vaccin a une bonne efficacité sur la diminution de l’incidence des DPZ et donc, d’impact sur la dépendance fonctionnelle du sujet âgé ». En particulier, « chez les plus de 80 ans, on a une chance sur 2 de diminuer l’incidence des DPZ avec la vaccination », ajoute-t-il.
Pour une politique de vaccination incitative
Pour le spécialiste, qui a récemment présidé une thèse sur l’attitude des médecins généralistes par rapport à la vaccination contre le zona des plus de 65 ans*, « la difficulté est en partie liée aux représentations que ces professionnels ont de la maladie et du vaccin ». Selon les données issues de cette thèse, « les médecins qui avaient été formés aux conséquences du zona considéraient qu’il était potentiellement grave et impactant, même s’il n’était pas mortel », ajoute-t-il.
Si l’information des médecins généralistes est capitale, la mise en place d’une véritable politique de remboursement du vaccin et d’accompagnement des professionnels de santé est également indispensable, estime le Pr Gavazzi. À l’image de ce qui a été fait au Royaume-Uni : « grâce à une politique vaccinale très incitative, le pays est parvenu à une couverture vaccinale de près de 60 % chez les seniors avec, en plus, une efficacité sur l’incidence de la maladie et de ses complications supérieure à ce qui a été obtenu dans les études pivot du vaccin », conclut le professionnel.
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