« Cette stratégie vise à augmenter l’efficacité de la chimiothérapie tout en diminuant sa toxicité, en permettant que des doses plus faibles de chimiothérapie atteignent plus efficacement les sites où réside la tumeur », explique au « Quotidien » le Pr Darrell Irvine, bio-ingénieur au Massachusetts Institute of Technology (MIT, Cambridge, MA).
Malgré leur puissante activité anticancéreuse, les chimiothérapies peuvent ne pas atteindre les tumeurs résidant dans des « sanctuaires » difficilement accessibles à partir de la circulation sanguine, comme les ganglions lymphatiques. C’est le cas notamment des lymphomes, caracterisés par des lymphocytes cancéreux qui disséminent dans les ganglions et autres tissus lymphoïdes.
Huang, Irvine et coll. ont conçu une approche ingénieuse : utiliser les lymphocytes T autologues pour transporter la chimiothérapie et la délivrer aux sites lymphoïdes qui hébergent le lymphome. Les lymphocytes T migrent en effet naturellement vers les mêmes tissus que les cellules cancéreuses du lymphome.
Un modèle murin
L’approche a été testée dans un modèle murin agressif de lymphome de Burkitt (à cellules B). Des lymphocytes T, isolés à partir du sang des souris, ont été multipliés en culture avec un cocktail (IL-2 et rapamycine) permettant de conserver les récepteurs orientant les cellules vers les tissus lymphoïdes ; puis, les chercheurs ont fixé à la surface des cellules T des nanoparticules (lipides) contenant une chimiothérapie puissante mais diffusant mal dans les ganglions (SN-38, la forme active de l’irinotecan).
In vitro, ces lymphocytes T porteurs des nanoparticules sont résistants à leur cargo toxique mais détruisent efficacement les cellules de lymphome.
Réinjectés chez les souris, ces lymphocytes T modifiés délivrent efficacement la chimiothérapie SN-38 aux ganglions (multipliant par plus de 40 fois la puissance). Cette approche réduit la charge tumorale et prolonge la survie des souris, alors qu’un traitement par SN-38 ou nanoparticules-SN-38 se montre totalement inefficace.
« Les nanoparticules elles-mêmes sont complètement inoffensives et composées de lipides biodégradables », souligne le Pr Irvine. L’équipe est en pourparler avec une start-up pour breveter cette technologie et nourrit l’espoir de débuter des essais cliniques d’ici un a deux ans. « Ces essais devraient être menés dans un premier temps chez des patients ayant un lymphome avancé, réfractaire ou en rechute après un traitement de première intention comme le rituxumab », conclut le Pr Irvine.
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