Le centre national de référence (CNR) de la rage à l’Institut Pasteur a confirmé lundi le diagnostic d’un cas de rage chez un enfant de 10 ans habitant dans le Rhône et hospitalisé depuis le 4 octobre.
L'enfant âgé de 10 ans « avait fait un voyage en août au Sri Lanka avec ses parents », explique le Dr Bruno Morel, directeur délégué Veille et Alertes sanitaires à l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes lors d'un point presse. Il a été en contact avec un chiot qui n’était pas agressif. Ce dernier l’a mordillé, ce qui a occasionné un saignement qui n’a alerté personne. L’enfant se portait bien jusqu’au 1er octobre, date à laquelle il a montré des signes banals de fatigue, de douleur à la gorge. Le lendemain, des troubles neurologiques sont apparus (confusion intermittente, hydrophobie). »
23 cas depuis 1970
Les parents consultent mais les symptômes n'alertent alors pas le médecin. « Étant donné le très faible nombre de cas sur le territoire français (23 depuis 1970), c’est une maladie qu’un médecin ne voit pas dans sa carrière », explique le Dr Morel. L’état de l’enfant s'aggrave et il est pris en charge en réanimation au centre hospitalier de Villefranche-sur-Saône dans un tableau d'encéphalite avec défaillance cardiaque.
L'enfant est transféré aux HCL. Le signalement est transmis à l’ARS le 4 octobre. « Les analyses biologiques de confirmation, réalisées au Centre national de référence de la rage, à l'Institut Pasteur, ont demandé quelques jours et le résultat positif définitif a été obtenu le lundi 9 octobre », indique le Dr Morel.
La souche asiatique du virus et les événements plaident pour une contamination par cette morsure au Sri Lanka. La durée d'incubation chez l’homme est en moyenne de 20 à 60 jours. L’enfant est aujourd’hui « dans un état critique mais stable », précise le Dr Anne-Marie Durand, directrice de la santé publique à l'ARS.
Pas de transmission interhumaine démontrée
Le Dr Anne-Marie Durand a rappelé que « la transmission interhumaine, même si elle existe en théorie, n’a jamais été rencontrée en pratique, sauf dans quatre cas de greffe de cornée. Les éléments d’information auprès des familles visent donc à rassurer sur un risque qui n’est à ce jour que théorique. »
Compte tenu de la gravité de la maladie déclarée, et du risque théorique, des mesures de prévention sont en effet mises en place : recherche des personnes ayant été au contact direct avec la salive ou les larmes de l'enfant, la famille de l’enfant, les camarades proches (dans la même classe et lors des activités extra-scolaires de l’enfant contaminé) et les soignants qui l’ont pris en charge. Les membres de la famille présents au Sri Lanka co-exposés ont été pris en charge et vaccinés au centre antirabique.
Une « soixantaine de personnes » vont bénéficier d’une évaluation et si nécessaire, d’une vaccination. Les parents des enfants en contact de l'enfant (dans la même classe et lors des activités extra-scolaires) ont reçu (ou reçoivent actuellement) des courriers d’information. Des réunions d’information ont lieu à l’école et dans les clubs concernés, et deux médecins et une infirmière de l’Éducation nationale sont sur place à l’école pour répondre aux besoins.
59 000 décès par an dans le monde
La France est officiellement reconnue indemne de rage (hors chauves-souris) depuis 2001 - le dernier cas autochtone chez l’homme remonte à 1924. Depuis 1970, 23 cas ont été observés en France métropolitaine, tous ayant contracté la maladie à l'étranger. Un cas autochtone a été recensé en Guyane (contact avec des chauves-souris infectées).
Présente dans 150 pays et territoires, la maladie est responsable de 59 000 décès par an dans le monde. Il n'existe à ce jour aucun traitement efficace une fois la maladie déclarée. Le 28 septembre dernier, l'ONU, l'OMS et plusieurs autres organisations ont lancé un plan mondial pour l'élimination de la maladie d'ici à 2030. La vaccination des populations à risque et celle des chiens figure parmi les mesures prioritaires.
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