En 1964, alors que Les Beatles foulent pour la première fois le sol américain et cassent la baraque au « Ed Sullivan Show », le Pr François Tronc (service l'immunopathologie, CHU de Rouen) est encore un jeune doctorant qui assiste à la fin d'une polémique opposant depuis plus de 20 ans médecins et chercheurs de tout poil.
C'est en effet cette année-là que s'impose définitivement, lors d'une conférence tenue à New York, le concept d'auto-immunité, et donc celui de maladies auto-immunes. Avant cette date, beaucoup de chercheurs prisonniers du dogme de l'horror autoxicus ne pouvaient concevoir que le système immunitaire puisse nous trahir, d'autant plus que la médecine venait d'enregistrer ses premiers succès grâce à lui, à travers la vaccination.
À la rencontre des pionniers
Aujourd'hui, plus personne ne nie l'implication des maladies à composantes auto-immunes dans une multitude de localisations et des spécialités : diabète de type I, purpura thrombopénique immunologique ou encore polyarthrite rhumatoïde… Mais pour en arriver là, bien des barrières mentales ont dû voler en éclat. C'est ce que raconte François Tron dans un ouvrage marqué du sceau de l'exhaustivité. Page après page, l'auteur nous narre les tranches de vie des pionniers de la discipline : le génial anticonformiste Sir Franck Macfarlane Burnet qui, à rebours de son époque qui ne jure que par l'approche purement moléculaire, impose la sélection clonale des lymphocytes par la seule force de la théorisation, et de son admiration pour Charles Darwin. Ce même Burnet va également poser les bases de l'immunologie moderne.
Nous découvrons aussi Paul Ehrlich, père du dogme de l'horror autotoxicus, et Robin Coombs qui lui a donné un premier coup de canif en découvrant des anticorps anti rhésus, ainsi qu'Ernest Witebsky, ancien sceptique converti en défenseur de l'auto-immunité par son élève Noel Rose à qui l'on doit les 5 critères définissant les maladies auto-immunes. Et n'oublions pas Jules Hoffmann, nobélisé en 2011 pour avoir décrit les récepteurs Toll Like impliqués dans l'immunité innée.
Complet et brillant
En dehors de ces jalons historiques, François Tron privilégie une approche didactique aux grandes envolées lyriques, et produit un ouvrage complet, brillant, mais aride… il suffit d'être prévenu ! L’émergence du concept de maladie auto-immune a nécessité de nombreuses découvertes, du caractère acquis de la tolérance du soi au rôle de garde-fou joué par les lymphocytes T régulateurs.
François Tron les décrit toutes, à l'issue d'un premier chapitre consacré à la description du fonctionnement du système immunitaire que pourront sauter ceux qui n'ont pas trop dormi sur leurs bancs de première année de médecine. La suite est un passionnante pour tous ceux qui souhaitent découvrir les maladies auto immunes dans toute leur diversité, systémiques ou ciblées contre une population de cellule particulière, causées par les lymphocytes B ou T, liées à une infection, la génétique ou encore l'environnement. Au fil des chapitres, le tableau s'émaille de données épidémiologiques, et finit par un historique des concepts des traitements : de l'immunosuppression des débuts à l'immunomodulation et la restauration des fonctions des lymphocytes T régulateurs.
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