C’est une première en Europe. L’Espagne veut créer un « congé menstruel » pour les femmes souffrant de règles douloureuses. Le gouvernement de coalition dirigé par le Premier ministre Pedro Sánchez (parti socialiste) a présenté ce 17 mai un projet de loi en ce sens en conseil des ministres avec la volonté de lever un « tabou ».
« Nous allons être le premier pays d'Europe à instaurer un arrêt maladie temporaire financé intégralement par l'État pour des règles douloureuses et invalidantes », s'est félicitée la ministre de l'Égalité, Irene Montero, à l'issue du conseil des ministres. « Les règles ne seront plus taboues (...). C'en est fini d'aller au travail avec des douleurs », en « se gavant de comprimés » ou « de cacher notre douleur », a ajouté cette figure du parti de gauche radicale Podemos, partenaire du parti socialiste au sein du gouvernement.
La mesure est l'une des mesures phares d'un projet de loi plus large prévoyant également de renforcer l'accès à l'avortement, mais aussi de développer l'éducation sexuelle dans les écoles. Le texte devra être approuvé par le Parlement, où le gouvernement est minoritaire, avant de pouvoir entrer en vigueur.
Une mesure qui divise
Si la mesure est adoptée, l'Espagne deviendra le premier pays en Europe à instaurer un « congé menstruel » et l'un des rares dans le monde, à l'instar notamment du Japon, de l'Indonésie ou de la Zambie. Dans le pays, la mesure ne fait pas l’unanimité, y compris au sein même de l’exécutif.
Parmi les syndicats, si la secrétaire générale adjointe de l'UGT, l'un des deux principaux syndicats espagnols, Cristina Antoñanzas, s’inquiète d'un possible frein à l'embauche des femmes, l'autre grand syndicat espagnol, Commissions ouvrières (CCOO), salue une « avancée législative » majeure, de nature à « rendre visible et reconnaître un problème de santé jusqu'à présent ignoré ».
Un texte qui renforce aussi l'accès à l'IVG
« Nous avançons en matière de féminisme. Les femmes doivent pouvoir décider librement de leurs vies », a par ailleurs commenté Pedro Sánchez sur Twitter. Le projet de loi renforce en effet le droit à l'avortement en Espagne, où les hôpitaux publics pratiquent moins de 15 % des IVG du pays en raison d'une objection de conscience massive des médecins.
À côté d’un accès renforcé dans les hôpitaux publics, le texte prévoit de permettre aux mineures d’avorter sans le consentement de leurs parents à partir de l'âge de 16 ans en revenant sur une obligation instaurée par un précédent gouvernement conservateur en 2015. Le renforcement de l’éducation sexuelle dans les écoles et la distribution gratuite de moyens contraceptifs ou de produits d'hygiène menstruelle dans les lycées sont également dans le projet de loi. La ministre de l'Égalité était aussi favorable à une réduction de la TVA sur les produits d'hygiène menstruelle, de 10 % à 4 %, mais cette mesure n'a pas été retenue.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024