Le diagnostic de TSPT repose sur la présence de souvenirs répétitifs involontaires et envahissants, de flash-back, de détresse et de réactions physiologiques intenses en réaction à des rappels de l’évènement traumatique, l’évitement de situations évocatrices, de troubles de l’humeur et de la cognition. Actuellement, peu de littérature scientifique permet de conclure à des spécificités de la symptomatologie du TSPT de la personne âgée (PA). Toutefois, les symptômes de « réviviscence traumatique » sont plus discrets chez la PA, alors que les stratégies d’évitement seraient plus fréquentes après 70 ans.
Chez l’adulte, l’outil clinique de repérage du TSPT le plus utilisé est la PCL-5 (Post-Traumatic Stress Disorder Checklist Scale, version DSM-5). « En pratique, tout soignant qui voit une PA pour des troubles du sommeil ou de la mémoire, des manifestations anxieuses ou dépressives devrait interroger sur les évènements de vie marquants, leur persistance et les émotions qu’ils suscitent encore afin de mieux repérer les signes d’un éventuel TSPT », explique la Dr Anne-Julie Vaillant-Ciszewicz. Toutefois, ces signes cliniques encore sous-diagnostiqués ne permettent pas une prise en charge optimale des symptômes. En effet, les PA n’évoquent pas spontanément leurs souvenirs traumatiques en consultation gériatrique par pudeur ou manque d’habitude de se confier. Et pourtant, l’impact psychologique de la perte d’un enfant ou d’un conjoint à un âge avancé est dévastateur…
Des facteurs de vulnérabilité
Les traumatismes du quotidien (vols, agressions, maltraitance, abus de confiance), auxquels s’ajoutent les deuils et l’isolement, sont de puissants révélateurs de fragilité psychologique. Lors du confinement, des faits passés, comme ceux liés à la guerre, ont pu réapparaître chez les PA. Différentes hypothèses existent quant à la survenue d’un TSPT, qui dépendent des capacités de résilience. Il faut prendre en compte les facteurs de vulnérabilité, la structure de personnalité et les éléments de l’histoire de vie.
Il semblerait que le TSPT favorise l’isolement social, les symptômes anxiodépressifs et la perte d’autonomie. Non diagnostiqué, il pourrait également engendrer un syndrome de déconditionnement chez la PA, avec un repli sur soi, une perte d’envie et de l’élan vital qui peut engendrer la mort. D’après certaines études, la dépression constituerait un facteur de risque de développer une pathologie neurocognitive. Le TSPT engendrant des symptômes dépressifs, il pourrait alors exister un lien entre TPST et pathologies neurocognitives, mais la littérature est parfois contradictoire à ce sujet. À ce jour, il existe peu de données robustes en dehors des études menées sur les vétérans de guerre.
S’intéresser aux émotions
Une relation de confiance s’édifie sur la qualité de l’alliance thérapeutique soignant-soigné. Une écoute empathique et un accompagnement adapté aux besoins de la PA sont essentiels. La psycho-éducation du patient et des aidants semble indispensable en cas de troubles cognitifs peu évolués. Un travail pluridisciplinaire est également recommandé, intégrant gériatre, psychiatre, psychologue…
Concernant les traitements pharmacologiques, les inhibiteurs de recapture de la sérotonine et le propanolol ont montré une efficacité. Selon les recommandations, il ne faut pas user des benzodiazépines à demi ou à longue vie qui entraînent des effets secondaires et iatrogènes chez les PA. Si les médicaments peuvent parfois optimiser la psychothérapie, ils ne la remplacent pas.
Les psychothérapies validées scientifiquement dans le traitement du TSPT chez l’adulte sont l’hypnose, l’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reproccesing) et la thérapie cognitivocomportementale (TCC). Elles peuvent être utilisées chez la PA, même si une adaptation du protocole est parfois nécessaire. Toutefois, mieux vaut orienter les PA vers des professionnels de santé spécialisés en gérontologie et formés à ces approches psychothérapeutiques. La méditation de pleine conscience se développe aussi dans les services de gérontologie. Elle permet, grâce à ces programmes dédiés aux PA, d’apprendre à mieux gérer les émotions et à diminuer les symptômes dépressifs et anxieux.
D’après un entretien avec Anne-Julie Vaillant-Ciszewicz, gérontopsychologue au CHU de NICE et membre du conseil scientifique de la SFGG.
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