L’aidant familial, ou naturel, vient en aide à une personne dépendante et/ou atteinte d'une maladie chronique, dont il fait partie de la famille ou de l'entourage proche. Il ne choisit souvent pas d'endosser ce rôle. « Cette responsabilité s'installe de façon insidieuse : avec le temps, la personne âgée malade qu'il accompagne devient de plus en plus invalide, ses problèmes de santé se complexifient. L'aidant se retrouve, ainsi, à devoir porter au quotidien une charge qui devient lourde. Cette responsabilité morale risque alors d'induire chez l'aidant une grande fatigue physique, mais aussi, psychique. Nous observons, par ailleurs, qu'il est souvent la seule personne de sa famille à occuper ce rôle, même lorsque la fratrie est nombreuse », souligne le Pr Joël Belmin, chef de service à l'hôpital Charles-Foix, professeur de gériatrie à l'université de la Sorbonne.
Au sein de la société, il véhicule également des valeurs de solidarité. Son aide permet de prévenir d'éventuelles hospitalisations et de retarder l'entrée en institution de la personne accompagnée. « Une personne âgée chronique dépendante qui ne bénéficie pas du soutien d'un aidant familial se retrouve bien plus souvent hospitalisée qu'un sénior épaulé par un aidant. Par ailleurs, ces hospitalisations sont plus longues et aboutissent, le plus souvent, par une entrée en soin de longue durée ou en EHPAD », confie le Pr Belmin.
Répit et éducation thérapeutique
Conscient du rôle que jouent les aidants familiaux, les pouvoirs publics ont mis en place une série de mesures pour les soutenir : allègements fiscaux ; hébergements temporaires pour les sujets âgés malades dans les maisons de retraite permettant à l'aidant de bénéficier d'une période de « répit » ; centres d'accueil de jour dédiés aux patients âgés dépendants... Certaines associations proposent également des vacances dédiés aux personnes âgées dépendantes. « Pour notre part, à l'hôpital Charles-Foix, nous avons développé depuis une dizaine d'années un programme d'éducation thérapeutique (baptisé Programme ETAPE) pour aider les aidants familiaux à mieux comprendre la pathologie (maladie d'Alzheimer ou autre maladies neuro-cognitives) de la personne âgée qu'ils accompagnent. De fait, un aidant qui connaît bien la maladie du patient dépendant gère mieux les situations difficiles auxquelles il est confronté au quotidien », assure le Pr Belmin.
Beaucoup de travaux scientifiques montrent que les aidants familiaux ont plus de difficultés de santé que les autres personnes du même âge. « Ils vivent des situations quotidiennes qui représentent un modèle de stress chronique. Nous observons ainsi, chez les aidants, davantage d'hypertension artérielle, de dépression, une réponse immunitaire moins bonne... La Haute Autorité de Santé a publié un guide de bonne pratique pour favoriser la prise en charge de la santé des aidants. Ces derniers ont, malheureusement, tendance à négliger leur santé », conclut le Pr Belmin.
D'après un entretien avec le Pr Joël Belmin, chef de service à l'hôpital Charles-Foix, professeur de gériatrie à l'université de la Sorbonne.
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