AVEC CETTE « signature ADN », selon les termes des chercheurs, « nous devrions être à même de mieux prédire le risque de survenue de métastases chez les patientes ne présentant aucun signe avant-coureur de dissémination ».
Le travail a été réalisé sur des échantillons biologiques prélevés chez 168 patientes porteuses de cancer du sein en majorité de type luminal (ce type représente plus de la moitié des cancers du sein) et de moins de 3 cm. À chacun de ces prélèvements tumoraux, répertoriés au Centre de Ressources Biologiques de l’Institut Curie, était associée l’information médicale sur son évolution.
Le génome des cellules tumorales a été analysé par des puces dites « CGH-array », un outil de biologie moléculaire qui permet, à partir de quelques cellules tumorales déposées sur cette puce, de faire une comparaison directe de l’ADN tumoral et de l’ADN normal et de détecter les amplifications ou les pertes de matériel génétique.
« Nous avons ainsi pu distinguer deux groupes de patientes selon la nature des profils et le nombre d’altérations génétiques survenues dans leurs tumeurs du sein. » L’un est à bon pronostic - pas de développement de métastases à cinq ans - et l’autre à mauvais pronostic.
Les chercheurs se sont focalisés sur la recherche d’une signature ADN, c’est-à-dire des anomalies au niveau chromosomique dans les tumeurs, pouvant prédire l’apparition de métastases dans les tumeurs du sein sans envahissement des ganglions lymphatiques. « Et nous n’avons pas perdu de vue que cette analyse devait être facilement utilisable en routine clinique », explique le Dr Anne Vincent-Salomon.
La signature ADN, basée sur les altérations du génome des cellules tumorales et non sur des modifications dans l’expression des gènes, comporte des modifications dans 3 régions chromosomiques différentes : des gains au niveau des chromosomes 2 et 8 et une perte sur le chromosome 3.
À confirmer dans des études prospectives.
Ces résultats, avant de pouvoir être utilisés en routine, doivent être confirmés dans des études prospectives et à une plus grande échelle. Une étude est déjà en cours de réalisation pour valider cette signature sur une autre population de patientes.
Les tumeurs du sein de petite taille sans envahissement ganglionnaire représentent la grande majorité des patientes diagnostiquées. Une question se pose sur l’opportunité de réaliser une chimiothérapie après traitement local, car environ 20 % des patientes sont porteuses d’une tumeur agressive. Pour le moment, la décision des médecins repose sur des critères biologiques et cliniques : âge au moment du diagnostic, taille de la tumeur, grade, statut des récepteurs hormonaux et du récepteur HER2. Un outil biologique plus précis pourrait tout changer.
Eléonore Gravier, Olivier Delattre et coll., Genes Chromosomes and Cancer, publication en ligne.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024