DE NOTRE CORRESPONDANTE
LES MALADIES héréditaires récessives constituent un problème important de santé publique, puisqu’elles sont responsables de 20 % de la mortalité infantile et de 10 % des hospitalisations pédiatriques.
Un dépistage avant la conception, associé au conseil génétique des porteurs, a considérablement réduit la fréquence de certaines maladies récessives sévères comme la maladie de Tay-Sachs et la mucoviscidose.
Toutefois, bien que l’on ait identifié le gène muté dans 1 139 maladies récessives, le dépistage des couples avant la conception n’est recommandé aux États-Unis que pour cinq maladies et dans certaines populations spécifiques seulement : le syndrome de l’X fragile chez certains individus ; la mucoviscidose chez les Caucasiens ; la maladie de Tay-Sachs, la maladie de Canavan et la dysautonomie familiale chez les individus d’origine ashkénaze.
Exploitant les dernières technologies de séquençage du génome, l’équipe du Dr Stephen Kingsmore, directeur du National Center for Genome Resources à Santa Fe (États-Unis), a développé un test génétique pour dépister les porteurs de 448 maladies récessives sévères de l’enfant. Leurs résultats sont publiés dans la revue « Science Translational Medicine ».
Au lieu d’un séquençage coûteux de tout le génome humain, le test repose sur 7 717 régions de 437 gènes, qui sont enrichies par capture hybride ou PCR en microgoutte et sont analysées par le séquençage de dernière génération (SDG), puis évaluées avec des filtres bio-informatiques.
Exactitude à 99,98 %.
En utilisant cette plate-forme pour dépister l’ADN de 104 individus non apparentés, les chercheurs ont découvert que ces individus portaient en moyenne 2 à 3 mutations de maladies récessives sévères de l’enfant ; le nombre de mutations variait entre 0 et 7.
La distribution des mutations ne montre aucune différence entre Caucasiens et autres ethnies, ni entre hommes et femmes, et apparaît aléatoire, ce qui suggère que le dépistage de populations ciblées aurait des chances d’être inefficace.
Ils ont découvert aussi qu’environ 10 % des mutations de maladies qui sont répertoriées dans les bases de données communément utilisées sont en fait incorrectes, soulignant le besoin de meilleures bases de données.
Vu ces résultats et le plus faible coût de ce dépistage comparé au coût du traitement de ces maladies, « ce dépistage des porteurs proposé à la population générale pourrait être une manière économique de réduire l’incidence des maladies pédiatriques récessives sévères et d’améliorer les souffrances qui leur sont associées », concluent les chercheurs.
« En dépistant simultanément 448 maladies, les couples peuvent être rassurés d’avoir été dépistés pour presque toutes les maladies récessives sévères de l’enfant. Ce test se montre très exact (à 99,98 %) sur une série de 104 échantillons d’ADN. Si une mutation dans un même gène est trouvée chez les 2 partenaires du couple qui souhaite avoir des enfants, alors ils ont une chance sur 4 d’avoir un enfant affecté », explique au « Quotidien » le Dr Kingsmore.
Avant l’été 2011.
« Notre objectif est d’éradiquer toutes les maladies récessives catastrophiques de l’enfant. Notre preuve de concept est le cas de la maladie de Tay-Sachs au sein des populations juives ashkénazes d’Amérique du Nord : 40 ans de dépistage avant la conception ont abouti à l’élimination de cette maladie, qui survenait auparavant chez un nouveau-né sur 3 100 ».
L’introduction de ce test, ajoute-t-il, devrait avoir plusieurs bénéfices. « Notamment, il sera possible non seulement de prévenir ces maladies, mais aussi d’effectuer un diagnostic très précoce, ce qui permettra d’intervenir rapidement avant même que l’enfant devienne symptomatique, car bon nombre de ces maladies peuvent être traitées. »
Les chercheurs veulent maintenant procéder à quelques perfectionnements du test et élargir le dépistage à 580 maladies, de façon à couvrir ainsi toutes les maladies récessives sévères de l’enfant connues à ce jour.
« Nous espérons avoir achevé de développer le test avant l’été 2011, et nous commencerons alors à offrir à ce test dans le cadre de la recherche à quelques équipes de médecins. »
Science Translational Medicine, 12 janvier 2011, Bell et coll.
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