LA PROGÉRIA est une maladie génétique rarissime caractérisée par un vieillissement prématuré qui débute dès la première ou deuxième année. Les enfants développent une alopécie, un retard de croissance, des anomalies osseuses, une peau fine, tout en conservant une intelligence normale. Ils décèdent généralement vers l’âge de 12 ans d’un infarctus du myocarde ou d’un AVC.
La cause est le plus souvent une mutation de novo dans le gène de la lamine A/C, produisant une protéine lamine A tronquée appelée progérine. Les fibroblastes des patients présentent une déformation nucléaire caractéristique, une accumulation de progérine dans les cellules se divisant et une durée de vie réduite.
On sait depuis peu que la progérine est aussi produite à faibles taux dans les cellules normales et devient plus abondante durant le vieillissement cellulaire. De précédents travaux ont montré que la rapamycine, un immunosuppresseur, est capable d’allonger la longévité de la levure, des invertébrés et de la souris.
Dans ce contexte, une équipe de chercheurs dirigée par les Drs Dimitri Krainc ( Boston) et Francis Collins (Bethesda) a recherché si la rapamycine pouvait avoir un effet sur les cellules des patients souffrant de progéria. Des fibroblastes provenant de trois patients, et de 4 individus témoins, ont été traités en culture par la rapamycine. Les chercheurs ont constaté que la rapamycine normalise l’anomalie nucléaire, prolonge considérablement la durée de vie cellulaire. Elle augmente la dégradation de la progérine dans les cellules de patients. Dans les fibroblastes normaux, la rapamycine diminue la formation des agrégats de progérine insolubles et en favorise l’élimination par des mécanismes d’autophagie.
Ces résultats suggèrent donc que la rapamycine pourrait avoir des effets bénéfiques chez les enfants atteints de progéria. «Des efforts sont en cours pour entamer un essai clinique chez ces patients», confie au «Quotidien» le Dr Krainc.
Eliminination des complexes toxiques.
Ces résultats ont également des implications pour le vieillissement normal. Ils suggèrent que l’accélération de l’éliminination des complexes toxiques de progérine pourrait contribuer aux effets bénéfiques de la rapamycine sur la longévité. Toutefois, souligne le Dr Krainc, «nous pensons que si la rapamycine révèle des effets bénéfiques sur la durée de vie, ce sera parce qu’elle élimine non seulement la progérine, mais aussi d’autres produits toxiques qui s’accumulent durant le vieillissement.»
«Un aspect important de la fonction de la rapamycine est d’activer, au sein des cellules, un système d’élimination des débris, l’autophagie. Durant le vieillissement, nos cellules accumulent des sous-produits de la fonction cellulaire normale. Notre aptitude a les éliminer avec le vieillissement, et l’on pense que même une légère activation de ces systèmes d’élimination des débris pourrait améliorer la santé et la durée de vie des cellules et des organes. Ainsi, une forme de rapamycine activant principalement ces voies de dégradation… pourrait s’avérer utile dans le vieillissement normal, explique-t-il.Il faut souligner que nous ne recommandons pas la rapamycine comme traitement du vieillissement, des versions plus sures devraient en effet être développées pour une telle indication».
Science Translational Medicine, 29 juin 2011, Cao et coll.
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