Les prix INSERM

Trois pionniers mondialement reconnus

Publié le 06/12/2010
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Crédit photo : P. LATRON

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Crédit photo : P. LATRON

* DANS LE PALMARÈS prestigieux du Grand Prix INSERM, le Pr Didier Raoult, 58 ans, succède à Yehezkel Ben-Ari, Alain Fisher, Christine Petit et Pierre Corvol, pour ne citer que les quatre précédents lauréats. Ce chasseur de virus, professeur de microbiologie, dirige actuellement l’Unité de recherche en maladies infectieuses et tropicales émergentes (URMITE), à Marseille. « Le monde du vivant nous est très profondément inconnu, estime-t-il. C’est pourquoi aucune théorie ne peut être définitive : il y a toujours de la nouveauté ! » C’est ainsi qu’il découvre en 1992 un virus nouveau qu’il baptise Mimivirus : il est d’abord assimilé à une bactérie puisqu’il mesure 0,4 µm, avant que le chercheur ne montre qu’il possède toutes les caractéristiques d’un virus géant. Suivront Spoutnik, identifié en 2008, le premier virus géant capable d’en infecter un autre pour survivre, et Marseillevirus, autre virus géant, en 2009.

Pionnier de la recherche sur les rickettsies, responsables du typhus, le chercheur a démontré son goût pour des champs d’étude radicalement nouveaux, inconnus des laboratoires ou délaissés en raison de leur difficulté. Référence mondiale pour la fièvre Q et la maladie de Whipple (maladie infectieuse rare due à la bactérie Tropheryma whippelii, qui se présente comme une maladie digestive ou systémique), Didier Raoult reçoit des patients du monde entier. « Outre ce que nous leur apportons, j’apprécie ce rapport humain très riche », dit-il. Mais ce littéraire revendiqué ajoute : « Pour autant, je n’aurais pas pu me contenter d’exercer la médecine, je me serais lassé. Tandis que la recherche, c’est toujours nouveau, toujours excitant ! »

*Pour Éliane Gluckman, être « lauréate du prix d’honneur, c’est chic ». Cette hématologuede l’hôpital Saint-Louis (Paris), qui a fait ses classes chez Georges Mathé et Jean Bernard, a réalisé la première greffe au monde de sang de cordon ombilical, en 1987, chez un enfant de 6 ans. Elle a choisi l’hématologie parce que c’est une discipline mixte, associant recherche biologique et médecine clinique : « Toute ma vie, dit-elle, j’ai fait de la recherche translationnelle : je suis partie des patients pour proposer des recherches aux laboratoires, puis j’ai répercuté auprès d’eux les résultats obtenus. » En 2005, elle a fondé l’association Eurocord, qui coordonne les évaluations cliniques et les études biologiques sur le sang de cordon. Et elle a contribué à la mise en place des banques de sang de cordon, qui ont déjà permis de transplanter plus de 20 000 patients et disposent actuellement de 500 000 unités de cette précieuse denrée thérapeutique.

* Denis Duboule, spécialiste mondial de la génétique du développement, est non moins ravi de sa distinction : « Ce prix international me fait plaisir car je crois qu’il m’est attribué pour de réels travaux », commente-t-il. « Il n’est pas seulement honorifique, n’est-ce pas ? », ajoute malicieusement ce Genevois de 55 ans qui est arrivé à la biologie par hasard et serait devenu professeur de sport s’il n’était pas tombé lors de l’examen de ski. Denis Duboule dirige le projet SystemsHox.ch, commun à l’université de Genève et à l’École polytechnique fédérale de Lausanne. Il est l’un des pionniers de la recherche sur les gènes HOX, ou gènes architectes, qui préfigurent la mise en place des membres et des organes chez les vertébrés. Ce domaine d’étude est particulièrement actif. Outre son apport à la connaissance fondamentale (évolution des espèces, biologie du développement), il ouvre des perspectives médicales, notamment grâce à la démonstration du lien entre malformations des mains et des organes génitaux. À noter que ce prix international va à un Français puisque Denis Duboule a obtenu la nationalité en 1992, peu après le refus du peuple suisse d’entrer dans la Communauté internationale.

RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8870