DE NOTRE CORRESPONDANTE
« Cette étude représente un nouveau progrès majeur vers l’identification des hommes ayant un risque génétique accru de cancer du testicule. L’identification des hommes à haut risque pourrait permettre une détection précoce ou une prévention du cancer », explique dans un communiqué le Dr Clare Turnbull (Institute of Cancer Research, Surrey, Royaume-Uni), première signataire de l’étude.
« Les gènes situés dans ces loci nous offrent des indices sur les mécanismes sous-tendant le développement du cancer testiculaire. À terme, cela pourrait nous permettre de développer de nouvelles options thérapeutiques », ajoute le Pr Nazneen Rahman (ICR, Surrey).
Le cancer du testicule (tumeurs germinales dans 95 % des cas), bien que rare, est le cancer le plus fréquent chez l’homme de 15 à 45 ans. Indolore, il est souvent diagnostiqué suite à la découverte d’une grosseur dans les bourses. Le traitement permet une guérison dans 80 % des cas.
Facteurs environnementaux.
On soupçonne que des facteurs environnementaux ainsi que des facteurs génétiques contribuent au développement de ce cancer.
Certains facteurs de risque ont été clairement identifiés, parmi lesquels des anomalies de développement testiculaire telle la cryptorchidie, une tumeur germinale antérieure, une hypofertilité, une microlithiase testiculaire, et enfin une histoire familiale de ce cancer.
Ainsi, les hommes qui ont un frère ou un père, atteint de cancer du testicule ont respectivement de 8 à 10 fois plus de risque et de 4 à 6 fois plus de risque de développer ce cancer.
Il y a un an, deux études génomiques d’association, menées par une équipe américaine et une équipe britannique ont identifié pour la première fois trois variants génétiques communs majorant le risque de cancer du testicule (« Nature Genetics », 31 mai 2009, Rapley et coll., Kanetsky et coll.).
Ces variants résident au sein du gène KITLG (chromosome 12), près du gène SPRY4 (chromosome 5) et au sein du gène BAK1 (chromosome 6), trois gènes intervenant dans la même voie KIT essentielle pour la survie et le développement des cellules germinales.
Clare Turnbull et coll., la même équipe britannique, publie maintenant une nouvelle étude d’association génomique qui a porté sur près de 1 000 hommes atteints de cancer testiculaire, dont 730 étaient déjà inclus dans la précédente étude, comparés à plus de 5 000 témoins. Ils ont génotypé près de 300 000 variants SNP répartis dans le génome, puis les plus importantes associations trouvées ont été examinées dans une étude de réplication portant sur près de 670 patients cas et 3 500 témoins.
Au total, 8 variants dans 6 loci.
Ils ont ainsi identifié des variants SNP dans trois nouveaux loci de susceptibilité :
- 2 variants résident sur le chromosome 5p15 au sein du locus TERT-CLPTM1L (OR = 1, 54), un loci déjà associé à de nombreux autres cancers. Entre ces 2 gènes, le gène TERT (télomérase reverse transcriptase) est probablement en cause dans l’association car il encode la télomérase, l’enzyme qui maintient les extrémités chromosomiques (télomères) à chaque division, et dont l’activité est augmentée dans les cellules cancéreuses ;
- 1 variant réside sur le chromosome 12p13 près du gène ATF7IP (activating transcription factor 7 interacting protein) (OR = 1,27). Ce gène encode un facteur de transcription qui permet l’expression de TERT et il est souvent surexprimé dans les cancers ;
- enfin 1 variant réside sur le chromosome 9p24 près du gène DMRT1 (doublesex and mab-3 related transcription factor 1) (OR = 1,37), un gène lie au déterminisme sexuel ainsi qu’à la différenciation et l’oncogenèse du testicule.
En résumé, on a pu identifier à ce jour 8 variants SNP communs situés dans 6 loci qui prédisposent au cancer testiculaire.
Trois voies candidates impliquées dans la prédisposition au cancer testiculaire émergent : 1) la voie KIT (KITLG, SPRY4, BAK1) ; 2) la voie de régulation de la télomérase (TERT et ATF7IP) ; 3) la voie de déterminisme sexuel (DMRT1).
D’autres loci ayant un effet similaire ou plus faible pourraient encore exister et restent donc à identifier.
Nature Genetics 13 juin 2010, Turnbull et coll., DOI: 10.1038/ng.607
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