À l’occasion d’un colloque sur la médecine personnalisée organisé ce mardi, le Pr Yves Lévy, président de l’INSERM et de l’Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé (AVIESAN), a levé un coin du voile sur les orientations qui devraient présider à la création en France d’une filière de médecine personnalisée.
Le Premier ministre lui a confié au printemps dernier une mission en ce sens. Elle vise à intégrer le séquençage du génome entier dans la pratique médicale, sur l’ensemble du territoire et plus seulement dans quelques centres de pointe.
Le séquençage du génome entier à grande échelle implique « un écosystème intégratif et adaptatif », s’appuyant sur une chaîne d’acteurs du patient au chercheur en passant par le praticien et les laboratoires, a indiqué le Pr Lévy. Il appelle aussi de ses vœux une nouvelle organisation de la clinique, mieux adaptée à la masse de données attendues. « Il y a urgence à ne pas rater ce tournant : si on ne fait rien, les patients iront se soigner à l’étranger et nous perdrons l’opportunité de développer une filière économique », a-t-il souligné, réclamant un effort national majeur « au plus haut de l’État ».
Un plan pluriannuel sur 10 ans
Les premières recommandations devraient être rendues en janvier, certaines sont encore soumises à concertation collective, a indiqué le président d’AVIESAN.
Plutôt qu’une série de recommandations, c’est un plan pluriannuel, englobant les enjeux organisationnels, économiques, scientifiques et éthiques, qui devrait être proposé. « Il faut 10 ans pour intégrer les données de la recherche sur l’ensemble du territoire », évalue le Pr Lévy.
Une première étape (d’ici à 2020) devrait se concentrer sur la prise en charge des patients atteints de cancer ou de maladies rares. Un premier pas sera fait également en direction des maladies communes ; mais celles-ci seront davantage au cœur de la seconde étape (jusqu’à 2026) qui se penchera, en parallèle, sur la création d’une filière industrielle.
Les premières mesures (sous quatre ans) devraient promouvoir un modèle hybride alliant la recherche et le soin. Le Pr Lévy a cité la constitution d’un réseau de plateformes dédiées au diagnostic, la création d’un centre de collecte des données, la mise en place d’un dossier électronique patient assurant l’interopérabilité des données ou encore la création d’une filière de formation « santé génomique et digitale » pour inventer les métiers de demain.
Journée nationale de l’innovation
La ministre de la Santé Marisol Touraine a réaffirmé son soutien au développement de la médecine personnalisée. Elle a annoncé la création d’une journée nationale de l’innovation en santé pour informer le grand public. La première édition aura lieu les 23 et 24 janvier prochains à la Cité des sciences et de l’industrie.
L’engagement est aussi financier : 33 millions d’euros dans le cadre du programme d’investissement d’avenir pour la recherche hospitalo-universitaire mais aussi la création d’un fonds doté d’au moins 100 millions d’euros pour accompagner les jeunes pousses industrielles.
La ministre s’est engagée par ailleurs à saisir prochainement le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) pour mener une réflexion « complète, participative et sereine » sur ces avancées scientifiques.
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