Comment exploiter en pratique l'hétérogénéité intratumorale, ce processus dynamique favorisant l'évolution du cancer et la résistance au traitement ? Les chercheurs britanniques du consortium TRACERx (pour Tracking Non-Small Cell Lung Cancer Evolution through Therapy) apportent de nouveaux éléments de réponse dans deux articles publiés simultanément sur le cancer du poumon, l'un dans « Nature » et l'autre dans « The New England Journal of Medicine ».
Selon ces récents travaux, l'instabilité chromosomique au sein du génome tumoral pourrait être utilisée pour prédire le risque de récidive et ainsi adapter la prise en charge. Les chercheurs démontrent dans un deuxième temps dans « Nature » que les altérations génétiques peuvent être surveillées à partir des fragments d'ADN tumoral circulant, ouvrant la voie aux biopsies liquides, moins invasives.
Mutations versus instabilité chromosomique
Plus que les mutations (substitutions de nucléotides, petites insertions ou délétions), c'est l'instabilité chromosomique (gain ou perte de segments de chromosomes) qui est le déterminant principal de la diversité génétique des tumeurs, démontre le consortium TRACERx à partir des tumeurs réséquées chirurgicalement dans une cohorte prospective de 100 patients ayant un cancer non à petites cellules.
De plus, les patients ayant une forte proportion de chromosomes instables ont un risque multiplié par 4 de récidive du cancer ou de décès dans les 2 ans, rapporte l'étude. Ces données suggèrent d'utiliser l'instabilité chromosomique comme facteur prédictif de récidive afin d'adapter la prise en charge.
Pour le Dr Mariam Jamal-Hanjani, de l'UCL Cancer Institute et auteur principal de l'étude du « New England Journal of Medicine » : « Déterminer la relation entre la diversité intratumorale et la survie du patient est l'un des objectifs premiers de TRACERx, si bien qu'obtenir des preuves si vite est très encourageant. »
Surveiller la réponse à la chimiothérapie postop
Dans le travail publié dans « Nature », après avoir démontré chez 96 des 100 patients de TRACERx la fiabilité de l'ADN tumoral circulant, l'équipe de Christopher Abbosh a réalisé en aveugle l'analyse de l'ADN tumoral circulant de 24 autres patients en postopératoire d'un cancer du poumon non à petites cellules. Ce profilage a permis d'identifier avec précision plus de 90% de ceux qui allaient récidiver jusqu'à une année avant l'imagerie clinique.
De plus, il ressort que le niveau d'ADN tumoral circulant reflète la réponse à la chimiothérapie adjuvante. Quand le niveau d'ADN tumoral circulant ne baisse pas après la chimiothérapie, la maladie récidive, suggérant qu'au moins une partie de la tumeur est devenue résistante au traitement. L'ADN tumoral circulant pourrait permettre de surveiller le traitement après chirurgie.
Pour le Dr Christopher Abbosh : « Dans le futur, les patients pourraient recevoir un traitement personnalisé ciblant les parties responsables de la rechute. Grâce à l'ADN tumoral circulant, on peut identifier les sujets à traiter même en l'absence de signes cliniques ainsi que surveiller l'efficacité de la réponse au traitement. »
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