DEPUIS sa fondation en 1994 par Pierre Chambon, l’IGBMC s’est imposé comme un acteur majeur de la recherche biomédicale en France et, plus largement, en Europe. Statutairement, il s’agit d’une unité mixte CNRS/INSERM/Université de Strasbourg. Dans les faits, avec ses 43 équipes de recherche, l’IGBMC constitue de loin la plus importante des unités INSERM ou CNRS-sciences du vivant.
« Nous nous situons un Log au-dessus des unités INSERM classiques, et plus proches des instituts de recherche européens », souligne Olivier Pourquié qui, depuis octobre 2009, a pris la suite de Pierre Chambon, de Jean-Louis Mandel puis de Dino Moras à la tête de l’Institut.
Cette grosse structure s’organise en cinq départements : le département de biologie cellulaire et développement, qui se penche sur les problèmes d’embryologie dans des modèles animaux simples ; le département de biologie du cancer, qui analyse les phénomènes moléculaires et les anomalies de signalisation qui accompagnent l’apparition, la progression et la dissémination des tumeurs ; le département de neurobiologie et génétique, qui s’intéresse aux mécanismes moléculaires impliqués dans le développement du SNC, et ses fonctions complexes ; le département de génomique fonctionnelle, consacré à la question de la régulation des gènes en situation normale ou pathologique ; enfin, le département de biologie et génomique structurale, centre d’expertise unique en France qui combine la radiocristallographie, la microscopie électronique et la RMN pour étudier la structure des protéines et les relations structure-fonction.
Malgré leurs intitulés très fondamentaux, toutes ces activités convergent vers une meilleure compréhension des mécanismes intimes des maladies, qu’elles soient d’origine génétique ou non.
Des services communs.
Une particularité de l’IGBMC est de mettre à disposition de ses différents départements, des services communs, comme la culture de cellules ou la production d’anticorps, ainsi que de véritables plateformes techniques.
Ces plateformes sont dédiées à la bioinformatique, à l’imagerie, aux biopuces et au séquençage à haut débit, à la biologie structurale et la cristallisation pour déterminer les structures tertiaires des protéines, enfin, à la détermination de phénotypes cellulaires puisque l’IGBMC est l’une des rares structures en France à disposer d’une banque d’ARN interférents couvrant l’ensemble des gènes humains, et permettant d’inhiber transitoirement l’expression d’un gène pour faire ressortir « en creux » le phénotype associé.
À cela s’ajoute l’Institut Clinique de la Souris, qui vise la recherche thérapeutique sur des modèles animaux dans des conditions aussi proches que possible de la clinique humaine (voir encadré).
« Cette offre technique mutualisée correspond à la vision de Pierre Chambon à la création de l’Institut », note Olivier Pourquié.
Elle est naturellement exploitée pour les besoins propres de l’Institut, mais aussi par nombre d’équipes françaises, voire européennes, et aussi bien publiques que privées. L’hôpital Necker, l’Institut Pasteur, la Ligue contre le cancer, l’AFM, figurent ainsi parmi les utilisateurs des services de l’IGBMC, à côté d’acteurs privés, qu’il s’agisse de biotech, comme Transgène ou Novalix, ou de « big pharmas » comme Merck, Sanofi ou Bristol-Myers Squibb.
Historiquement, BMS était d’ailleurs présent dès le départ, et a assuré le financement du bâtiment de l’IGBMC à hauteur de 50 MF.
Au chapitre des financements, on note enfin une aide pour cinq ans de l’European Research Council, ainsi que des « grants » du NIH américain, qui ne sont pas vraiment la norme pour un organisme de recherche européen, et qui témoignent de la reconnaissance internationale dont jouit l’IGBMC.
Des milliers de publications.
Depuis 1994, le résultat du travail de l’IGBMC se compte en milliers de publications, dont 103 exactement dans le triptyque de tête que constituent les revues Nature, Cell et Science. Logiquement, durant la direction par Pierre Chambon, auteur de travaux princeps sur les polymérases, l’épissage des ARNm, et les récepteurs nucléaires, ces publications ont largement porté sur la régulation de l’expression des gènes. Dans un second temps, sous la direction de Jean-Louis Mandel, découvreur des mutations par amplification de triplets (X fragile, ataxie de Friedreich, chorée d’Huntington…), la génétique humaine s’est retrouvée au premier plan. Enfin, avec Dino Moras, connu, lui, pour ses travaux sur les aminoacyl-tRNA-synthétases (enzymes fixant chaque acide aminé sur son ARNt spécifique, et dont l’activité est essentielle à la fidélité de la traduction), puis sur les modifications conformationnelles des récepteurs nucléaires hormonaux, c’est la biologie structurale qui s’est développée à l’Institut.
Olivier Pourquié, lui, a mené des travaux de pointe sur le développement embryonnaire des muscles, et le contrôle moléculaire de l’arrangement périodique des vertèbres. Ses projets pour l’Institut vont toutefois au-delà de ces champs très spécialisés, et comportent notamment deux axes : les cellules souches, d’une part, envisagées à la fois comme outil d’étude de la transcription, et dans la perspective de la biologie régénérative, et la biologie des systèmes, d’autre part, avec le futur centre de biologie intégrative, qui étudiera des processus depuis la molécule jusqu’à l’organisme entier, en passant par la cellule, pour tenter de comprendre comment s’intègrent ces différentes échelles. Il faut bien admettre, en effet, que si l’on connaît grosso modo les éléments du système, on ne comprend toujours pas comment ces éléments « marchent ensemble ».
Replacé dans une perspective historique, l’IGBMC apparaît aujourd’hui comme la réalisation d’un besoin exprimé durant les années 1990. C’était l’époque où tombaient en cascade des gènes mis en cause dans telle ou telle maladie. Les communiqués étaient invariablement assortis de l’affirmation selon laquelle « ce résultat allait permettre d’explorer les voies physiopathologiques de l’affection, et de découvrir de nouveaux traitements spécifiques ». L’IGBMC est l’outil taillé sur mesure pour ce projet. La promesse est donc maintenant au pied du mur.
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